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14 mars 2011 1 14 /03 /mars /2011 11:17

IV – Qu’est-ce que la Théosophie ?

[Traduction du chapitre “What in Theosophy” de l’ouvrage Studies in the Secret Doctrine, de B.P. Wadia – Éd. Theosophy Compagny Mumbai – Inde]

« La RELIGION-SAGESSE a toujours été une et, comme elle est le dernier mot de toute connaissance humaine possible, elle a été soigneusement préservée. Elle existait depuis de longs âges avant les théosophes alexandrins, elle s'est perpétuée jusqu'à nos jours et elle survivra à toute autre religion et philosophie. » La Clef de la Théosophie. p. 21 [Note 1] (note 6).

 

« Mais voici en fait ce que je crois : 1) un enseignement oral ininterrompu a été révélé aux élus de la race par des hommes divins vivants, pendant l'enfance de l'humanité ; 2) cet enseignement nous est parvenu sans altération, et 3) les MAÎTRES sont entièrement versés dans la science fondée sur cet enseignement ininterrompu. »  – H.P.B., dans Lucifer, V, p. 157 – Article « Que ferons-nous pour nos semblables » – Cahiers Théosophiques n°147).

En quoi consiste la Théosophie ? La question se pose au tout début de l’étude de La Doctrine Secrète. Et l’étudiant apprend, ou est amené à voir, qu’il existe deux notions importantes à garder constamment présentes à l’esprit. 1° La Théosophie en soi est la Sagesse Divine, la Vérité Éternelle, et ses doctrines constituent un système complet de pensée, dont toutes les branches sont cohérentes et forment un tout parfait. Ce système est désigné sous diverses appellations par H.P.B. qui utilise très souvent les deux termes : Religion-Sagesse et Philosophie Ésotérique. 2° Dans chaque civilisation et à toute époque, des parties ou des aspects de cette Religion-Sagesse ou Philosophie Ésotérique ont été enseignés. Mais, à aucune époque et dans aucun pays,  le système n’a jamais été révélé, pleinement et complètement, dans son entier. Cependant, des individus par leurs efforts et leurs entraînements se sont rendus à même de le maitriser. Ces quelques élus ont incarné la Théosophie et l’ont enseignée à d’autres, permettant ainsi à cette grande lumière d’être toujours resplendissante.

En tant que système de pensée, la Théosophie est aussi ancienne que l’homme pensant (comme le dit H.P.B. dans le Theosophical Glossary, en définissant le mot Theosophia, p.328). Qui composa ce système ? Personne, car il n’est ni l’invention d’une puissante intelligence quelconque, ni le résultat des spéculations d’une grande école de penseurs. C’est la connaissance des Lois de la Nature dont les opérations ont été observées dans tous les départements et domaines de la Nature – matériels et spirituels, psychiques et noétiques. Par qui ces observations ont-elles été faites ? Par des Intelligences au mental pur, dont les observations et les découvertes étaient (et sont encore de  nos jours) sans erreur, à cause de la nature pure et vierge de leur mental. Ces Intelligences au mental pur sont connues dans la sagesse hindoue sous le nom de Kumâras et elles s’incarnèrent dans les races humaines sans mental, afin d’aider ces races dans leur évolution. Parmi les nombreux actes de sacrifices qu’elles accomplirent est l’institution de la méthode par laquelle leur connaissance devait être transmise de génération en génération.

C’est ainsi que la Théosophie – la Religion-Sagesse et la Philosophie Ésotérique avec ses enseignements définis et ses doctrines – en tant que système de pensée devint  une tradition orale dont des parties furent transmise oralement d’une race à l’autre. Pendant ce temps les quelques élus mentionnés plus haut l’ont conservée intacte et complète et l’ont transmise à leurs pairs, qui tous appartiennent à la « Race que ne Meurt Jamais ». Cette tradition orale fut consignée par écrit dans des annales au cours de la Quatrième Race, la Race des Atlantes (S.D., I, p. 646) [Note 2] (note 7).

Quelle était la nature de ces Annales ? Elles étaient composées de signes [géométriques] et de glyphes, de symboles et d’emblèmes. Elles furent l’objet d’une étude prolongée de la part de ceux qui furent sauvés et qui échappèrent au cataclysme qui détruisit les communautés atlantes hautement civilisées (S.D., I, p. 273 – [Note 3] (note 8). Ce sont ces Annales Originales de Théosophie qui sont la source mère et la fontaine originelle des philosophies religieuses des temps préhistoriques et historiques. H.P.B. donne la réponse suivante à la question capitale (et si importante que nous l’imprimons dans sa totalité) de : Qu’est-ce que la Théosophie ?

« La Doctrine Secrète est la Sagesse accumulée des Âges et sa cosmogonie est, à elle seule, le système le plus prodigieux et le plus élaboré qui soit, même tel qu'il apparaît, par exemple, dans la forme exotérique des Purânas. Mais tel est le pouvoir mystérieux du symbolisme occulte que quelques pages de glyphes et de signes géométriques suffisent à consigner tous les faits qui ont réellement tenu d'innombrables générations de voyants initiés et de prophètes occupés à les coordonner, les enregistrer et les expliquer durant la suite vertigineuse du progrès de l'évolution. Le regard rayonnant de lumière de ces voyants a pénétré au cœur même de la matière et observé l'âme des choses, là où un simple profane, aussi érudit fût-il, n'aurait perçu que le jeu extérieur de la forme. Mais la science moderne ne croit pas à « l'âme des choses » et, de ce fait, rejettera le système entier de la cosmogonie antique. Inutile de dire que le système en question n'est pas dû à l'imagination d'un ou de plusieurs individus isolés ; qu'il constitue les annales ininterrompues de milliers de générations de Voyants dont les expériences respectives ont été faites pour éprouver et vérifier les traditions transmises oralement d'une race ancienne à une autre, et porteuses des enseignements d'êtres supérieurs d'un rang très élevé ayant veillé sur l'enfance de l'Humanité ; que pendant de longs âges les « Sages » de la Cinquième Race, provenant de la souche sauvée et rescapée du dernier cataclysme et bouleversement de continents, ont passé leurs vies à apprendre et non à enseigner. À la question : comment s'y sont-ils pris ? Il est répondu : en contrôlant, en éprouvant et vérifiant dans chaque département de la nature les traditions anciennes grâce aux visions indépendantes de grands adeptes ; c'est-à-dire d'hommes ayant développé et perfectionné leurs organismes physique, mental, psychique et spirituel au plus haut degré possible. Aucune vision d'un adepte n'était acceptée avant d'être vérifiée et confirmée par les visions d'autres adeptes — obtenues dans des conditions assurant un témoignage indépendant — et par des siècles d'expériences. »  (S.D., I, p. 272-3, point (1) – Traduite dans les Textes Fondamentaux, éd. Textes Théosophiques [Note 4] (note 9).

En commentaire à cette déclaration hautement significative et très importante, nous pouvons citer le passage suivant, qui concerne l’origine de ces Annales :

« La Science Occulte a ses traditions immuables depuis les temps préhistoriques. Elle peut se tromper sur des détails ; mais elle est incapable de commettre une erreur au sujet des lois Universelles, pour la bonne raison que cette Science, qualifiée justement de « divine » par la philosophie, est née sur les plans [spirituels] les plus élevés, et fut apportée sur Terre par des êtres qui étaient plus Sages que ne le sera l’homme, dans la Septième Race de la Septième Ronde » (S.D., I, p. 516).

On nous dit ensuite comment ces Annales virent le jour. Dans ses deux livres, Isis Dévoilé et La Doctrine Secrète, H.P.B. parle « d’un vieux Livre – si ancien que nos archéologues modernes pourraient pâlir sur ses pages pendant un temps indéfini sans pourtant pouvoir être tout à fait d’accord quant à la nature du parchemin sur lequel il est écrit. C’est la seule copie originale qui existe de nos jours » (Isis Unveiled, I, 1). H.P.B. en parle également dans La Doctrine Secrète :

« La tradition rapporte qu’il fut écrit en Senzar, la langue sacerdotale secrète, d’après les paroles que des Êtres Divins dictèrent aux fils de la Lumière, en Asie Centrale, au tout début de la 5e race [notre humanité actuelle]. Car il fut un temps où cette langue (le Senzar) était connue des Initiés de chaque nation, quand les ancêtres des Toltèques la comprenaient aussi aisément que les habitants de l’Atlantide perdue. Ces Initiés l’avaient hérité des Sages de la 3e Race, les Manushis qui l’avaient eux-mêmes apprise directement des Dévas des 2e et 1ère Races » (S.D., I, XLIII).

Il est impossible de relater la fascinante histoire de l’influence de ces Annales sur les diverses civilisations. On ne saura jamais complètement quel est le rôle joué durant des millénaires par ses Gardiens pour éduquer le mental de la race. Ces Annales ont été révélées partiellement au cours des âges, modelant les cultures des diverses époques, et, encore aujourd’hui, nous pouvons en trouver la trace dans les restes des civilisations éteintes ou en déclin. Ces traces sont nombreuses et se ramifient dans des directions sans fins. Mais, nous pouvons en suivre l’influence principalement dans les religions et les philosophies du monde entier et dans les éthiques pures et divines.

Mais toutes les évidences [de l’influence de ces Annales] que nous pouvons trouver appartiennent à notre Cinquième Race Aryenne, car, ainsi que le dit H.P.B. (S.D., II, p. 351) : « L’Histoire ne commence pas avec elle [la Cinquième Race], mais la tradition vivante et toujours récurrente le fait. »

Les Adeptes de la Cinquième Race étudièrent ces Annales, les résumèrent par écrit et, ensuite écrivirent des commentaires à leur sujet. A ce propos, nous pouvons citer ce que dit H.P.B. sur ce qui peut être considéré comme la version hindoue de la Tradition Orale condensée de ces Annales :

« Avant d’être transcrits par écrit le Véda des premiers Aryens influença chaque nation Atlanto-Lémurienne, et c’est ainsi que fût semé les premières graines de toutes les vieilles religions qui existent et se meurent aujourd’hui. Les rejetons de l’arbre immortel de Sagesse ont éparpillé leurs feuilles desséchées y compris sur la chrétienté judaïque » (S.D., II, p. 483).

Nous trouvons également une allusion dans La Doctrine Secrète (S.D., I, p. 612) de l’influence des Annales Orientales sur l’Occident :

« Les Mystères de la Nature… furent consignés par les élèves de ces “hommes célestes”,   invisibles de nos jours, en figures géométriques et en symboles. Les clefs pour les déchiffrer passèrent d’une génération “d’hommes sages” à l’autre. Quelques uns de ses symboles passèrent d’Orient à l’Occident, rapportés par Pythagore, qui ne fut pas l’inventeur de son fameux “Triangle” ».

Et ceci nous amène à un point très important. La diffusion des instructions contenues dans ces Annales s’est faite de deux manières : parfois par une traduction directe de quelques parties ou aspects de ces Annales, comme ce fût le cas avec Pythagore, dont on vient de parler ci-dessus ; d’autres fois, par des traductions successives, et des interprétations d’interprétations. La première méthode est relativement rare, la seconde est tout à fait commune.

H.P.B. a utilisé la première méthode, la méthode directe, mais tout en présentant les instructions originales, elle s’est également servie des nombreuses traductions et interprétations disponibles dans beaucoup de pays et dans maints domaines. Le lecteur doit se le rappeler quand il lit le passage suivant (S.D., I, p. XX) :

« Les annales que nous voulons présenter au lecteur englobent les principes ésotériques du monde entier depuis le début de notre humanité. »

Le passage suivant peut être considéré comme une description exacte des efforts d’H.P.B. Il est extrait de La Doctrine Secrète (S.D., II, p. 67) :

« Devant l’œil spirituel pénétrant de l’Adepte et du prophète de toute race, le fil d’Ariane sans discontinuité ou défaut, sûrement et fermement, remonte dans la nuit des temps bien au-delà de la “période historique” ; et la main qui le tient est trop puissante pour le laisser s’échapper, ou même se briser. Ces Annales existent, bien qu’elles puissent être rejetées comme fantaisistes par le profane ; et malgré que beaucoup d’entre elles aient été tacitement reconnues par des philosophes et des hommes de grand savoir, elles rencontrent l’invariable déni de l’ensemble du corps scientifique orthodoxe officiel. Et comme ce dernier refuse de nous donner ne serait-ce qu’une idée approximative de la durée des âges géologiques – hormis quelques hypothèses qui s’opposent et se contredisent –  voyons ce que la philosophie aryenne peut nous enseigner. »        

L’étudiant doit prendre en compte toutes ces citations de La Doctrine Secrète quand il apporte sa propre réponse à la question : « Qu’est-ce que la Théosophie ? » Beaucoup de confusions seraient évitées aujourd’hui si on étudiait l’histoire du Mouvement Théosophique en tenant compte du point de vue particulier [de ces citations]. On pourra trouver la cause des dissensions, séparations et échecs dans le Mouvement dans cet enseignement important sur ce qu’est la Théosophie. Dans son Glossaire, quand elle définit ce qu’est la Religion-Sagesse, H.P.B. termine en disant que : « c’est cette Religion-Sagesse qui est la base même de la Théosophie. » Notez les italiques.

Il existe une tendance, parmi beaucoup de ceux qui bien que sincèrement attachés à la Cause de la Théosophie, négligent les implications d’une compréhension juste de la Théosophie, à savoir qu’elle est un système précis de pensé, une philosophie aux principes clairement définis et une science aux découvertes exactes. Leur désir de montrer largeur de vue et tolérance les conduit à décrire la Théosophie comme un système qui inclut tout jusqu’à devenir obscur, et si général qu’il devient vague. Voici un exemple, avec le canadien A.E.S. Smythe, que tous devons respecter pour être un champion persévérant de la pure Théosophie, quand il dit :

« La Théosophie n’est pas un credo, c’est  la grâce de Dieu dans notre vie ; le pouvoir de Dieu dans notre travail ; la paix de Dieu dans notre repos ; la Sagesse de Dieu dans  notre cœur ; et la beauté de Dieu dans nos relations avec autrui. »

Même en comprenant, comme Smythe le faisait, que le nom de « Dieu » signifie le Soi Supérieur dans chaque homme, il y a néanmoins le danger que le chercheur et l’étudiant soient amenés à considérer la Théosophie comme étant tout sauf une connaissance précise. Nous ne trouvons aucun mal à une telle définition, car elle est belle et elle a son attrait ; mais un danger s’y cache. Que dirions-nous d’un homme qui, ignorant tout de la navigation, lancerait son bateau sur l’océan attiré par ses eaux bleues qui scintillent au soleil et jouent de la musique sur le rivage ? En peu de temps il fera naufrage. Tenter d’éviter le piège d’un dogmatisme étroit pour tomber dans le vaste abîme de vagues généralités est, pour le moins, ni sage et ni profitable.

En son temps H.P.B. disait dans l’article « La Pseudo-Théosophie » (traduit dans la revue Théosophie, vol. II, janvier 1927, p. 85) :

« Si les “faux prophètes de la Théosophie” sont laissés en paix, les vrais prophètes seront bientôt confondus avec les faux, comme ceci s’est déjà passé… Nous croyons qu’il ne faut pas tolérer l’incorporation d’éléments d’opprobre dans la Théosophie, par crainte “qu’un seul élément faux dans la doctrine”, ne “vienne ébranler la confiance” dans le tout. »

Que l’étudiant de la génération actuelle ne perde pas de vue toute la signification de cette remarque d’H.P.B. dans La Clef de la Théosophie (p. 103) : « Nous n'avons pas deux croyances ou deux hypothèses sur le même sujet ».

Notes :

N.d.T. : Édition Textes Théosophiques.  Le texte de La Clef de la Théosophie est disponible sur le site www.theosophie.fr . (note 6)

N.d.T. En théosophie l’humanité est une et forme une seule famille qui doit découvrir les liens  fraternels qui l’unit. Pour comprendre les notions de Races et Rondes qui décrivent en Théosophie l’évolution de toute l’humanité le lecteur est invité à lire le chapitre III de l’Océan de Théosophie disponible sur le site www.theosophie.fr). (note 7)

N.d.T. : Les références et citations dans La Doctrine Secrète sont prises dans l’édition en anglais, The Secret Doctrine – Ed. The Theosophy Company, USA. (note 8)

N.d.T. : passage disponible sur le site http://www.theosophie-cm.org/sitelutdouala-2a_022.htm  (note 9)

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17 janvier 2011 1 17 /01 /janvier /2011 22:03

ÉTUDES DANS LA DOCTRINE SECRÈTE
II – L’attitude nécessaire

« VIVRE AU BÉNÉFICE DU GENRE HUMAIN EST LE PREMIER PAS.
PRATIQUER LES SIX VERTUS GLORIEUSES EST LE SECOND. » La Voix du Silence.

« Inévitablement chaque lecteur jugera les enseignements donnés, à partir du point de vue de sa connaissance, expérience et état de conscience, fondé sur ce qu’il a déjà appris. »  S.D. I, xlvi.

« Le vrai philosophe, l’étudiant de la Sagesse ésotérique, perd entièrement de vue les personnalités, les croyances dogmatiques et les religions particulières. »  S.D. I, xx.

 

La première étude, publiée le mois dernier [« I – Le Livre et la Philosophie »], se terminait sur l’injonction d’H.P.B. que les enseignements « doivent être totalement ou partiellement acceptés ou rejetés, sur la base de leurs propres mérites » (S.D. II, 449). Dans les deux citations liminaires, elle met en garde l’étudiant contre ses propres limitations, inhérentes à lui-même, et elle lui conseille d’acquérir l’attitude correcte qui lui permettra de comparer et d’évaluer attentivement les enseignements de La Doctrine Secrète. Il doit se rendre compte que ces enseignements sont opposés tant aux dogmes théologiques qu’aux théories scientifiques. Par notre naissance et notre formation, nous avons tous  hérité de croyances religieuses, et acquis des notions scientifiques.  Nous avons du respect pour nos maîtres de jadis, publicistes et hommes célèbres, et cela teinte chacune de nos perceptions sur quelque sujet que ce soit.

La Philosophie ésotérique est sui generis. Elle est la source et le fondement de toute connaissance. Elle n’est pas un rassemblement de doctrines cueillies dans les différentes croyances religieuses – elle est à l’origine de toute idée vraie existant dans toutes les croyances, nouvelles ou anciennes. Elle dépasse la science moderne, car elle couvre un champ bien plus vaste que celui de la matière, et la méthode qu’elle indique pour acquérir la connaissance n’est pas limitée par l’usage combiné des sens et du mental. Sa philosophie n’est pas une spéculation où les données des sens constituent la cour de jugement suprême, car elle montre le moyen d’éveiller la perception directe de l’intuition, qui ne s’oppose nullement, mais illumine la pensée et la raison. Elle insiste sur la nécessité de mettre en pratique les principes d’éthique, qui dérivent de l’observation et de la compréhension des Lois de la Nature, physique et super physique. Elle explique le supranormal, mais ne reconnaît pas le surnaturel. Car, enseignant que la Magie est une Science rendue divine ou démoniaque par le motif et la moralité du pratiquant, elle rejette tout miracle ; elle ne dit pas seulement que l’âge des miracles est passé, elle affirme qu’il n’a jamais existé.

Dans le précédent paragraphe, nous avons examiné : a) la religion, b) la science moderne, c) la philosophie spéculative, d) les lois éthiques, et e) la magie et les miracles. Ces cinq sujets dressent  devant chaque étudiant sans exception des obstacles à la pénétration des principes de la Philosophie Ésotérique ou Religion-Sagesse.

Les croyances religieuses héritées de leur propre famille, barrent la voie à un grand nombre de chercheurs et d’étudiants. Et, dans un pays à fort penchant religieux comme l’Inde, elles sont tout spécialement, une barrière redoutable. Au cours d’une prochaine étude, nous examinerons le problème de l’Unique Véritable Religion et des nombreuses fausses religions, et ceci inclura les vérités contenues dans chaque religion et dissimulées maintenant sous de fausses conceptions, croyances, notions, pratiques, etc… La première idée que l’étudiant désirant comprendre La Doctrine Secrète doit envisager et assimiler, se trouve dans les propositions suivantes d’H.P.B. :

« Il est sans doute nécessaire de déclarer sans équivoque possible que les enseignements contenus dans ces volumes, si fragmentaires et incomplets soient-ils, n’appartiennent exclusivement ni à la religion hindoue, au zoroastrienne, à la chaldéenne, ni à la religion égyptienne, pas plus qu’au Bouddhisme, à l’Islam, au Judaïsme ou à la Chrétienté. La DOCTRINESECRÈTE est l’essence même de toutes ces religions. Ayant jailli d’elle à leurs origines, les différents systèmes religieux sont maintenant amenés à se refondre dans leur premier élément, d’où chaque mystère et dogme avait surgi et s’était développé, avant de se matérialiser » (S.D., I, VIII).

« LADOCTRINE SECRÈTE est la propriété commune d’innombrables millions d’hommes nés sous des climats divers, à des époques que l’Histoire refuse d’aborder et auxquels l’enseignement ésotérique assigne des dates incompatibles avec les théories Géologiques et Anthropologiques. La  naissance et l’évolution de la Science Sacrée se perdent dans la nuit même des Temps » (S.D., II, 794).

La Philosophie ésotérique de la Théosophie n’appartient à aucune religion particulière. Chaque vérité contenue dans toutes les religions lui appartient. Par conséquent, l’étudiant devrait apprendre à examiner les dogmes et les croyances de toutes les religions, y compris de celle dans laquelle il est né, à la lumière de LADOCTRINE SECRÈTE et du livre qui la dévoile La Doctrine Secrète et non faire l’inverse.

Tournons-nous maintenant vers la Science moderne : son influence est plus largement répandue en Occident qu’en Inde, quoiqu’ici également le nombre de « rationalistes » irrationnels qui ont leurs propres convictions religieuses et leurs prêtres-guides soit en nombre croissant. Il y a eu et il y a parmi les étudiants de la Théosophie, ceux qui aimeraient qu’elle reflétât le prestige de la Science. Il est donc nécessaire d’attirer l’attention du lecteur sur les pages 477 et suivantes du Volumes I, dont voici un court extrait :

« Il ne peut y avoir aucun conflit possible entre les enseignements de la Science occulte et ce qu’on nomme la science exacte, là où les conclusions de cette dernière sont assises sur un substratum de faits inattaquables. C’est seulement quand ses ardents partisans, allant au-delà des limites des phénomènes observés dans l’espoir de pénétrer dans l’arcane de l’Être, tentent d’exclure l’Esprit de la formation du Cosmos et de ses Forces vivantes, et de tout attribuer à la matière aveugle, que les occultistes estiment avoir le droit de contester et de mettre en doute leurs théories. La science ne peut pas, en raison de la nature même des choses, dévoiler le mystère de l’univers qui nous entoure. La science peut collecter, classer et généraliser sur les phénomènes qu’elle observe : mais l’occultiste, s’appuyant sur des faits métaphysiques reconnus, déclare que l’explorateur audacieux qui veut sonder les plus intimes secrets de la Nature, doit transcender les limites étroites des sens et transférer sa conscience dans la région du noumène et dans la sphère des causes premières. »

Un nombre comparativement faible d’étudiants est retenu par les conceptions philosophiques individuelles de chacun, pour la simple raison que peu ont une philosophie de la vie avant de venir à la Théosophie. En Inde, cependant, il y a des gens dont la perception mentale est déformée et rétrécie, parce qu’ils gardent un point de vue philosophique (Darshana)  à des fins religieuses ou autres. C’est ainsi qu’un Advaïti et un Vishistadvaïta ne sont pas que des philosophes appartenant à des systèmes de pensée différents, mais ils sont quelque chose de plus. La Philosophie ésotérique « n’est enseignée dans aucune des six écoles de philosophie hindoues [Darshanas], car elle relève de leur synthèse – la septième, qui est la Doctrine occulte » (S.D., I, 269). Les choses étant ainsi, que reste-t-il à dire des écoles philosophiques occidentales qui, comparées aux Darshanas, sont à la fois superficielles et non scientifiques ; superficielles dans leurs spéculations et non scientifiques dans leurs classifications.

Les principes éthiques et moraux qui guident les hommes et les femmes de notre civilisation sont dérivés de la culture moderne, et sont déterminés par des fins mercantiles. La culture et le commerce s’opposent dans la tête et le sang des hommes et des femmes ; l’expression des principes éthiques est très élevée dans les croyances et en paroles, mais elle est très faible dans la pratique réelle et les actes. L’existence même du supranormal étant niée, le côté invisible de la Nature n’est jamais abordé ; et tandis que la Magie est tournée en dérision en tant que science, les miracles sont acceptés avec une foi aveugle. Les penchants personnels ; les groupes formées par les classes, les races, les croyances, les communautés ;  le sens exagéré du patriotisme ; l’orgueil de race, de préjugé de couleur, etc…, affectent le caractère individuel et la moralité publique. Cela obscurcit la capacité de vision clair de l’étudiant, brouille son évaluation des nobles lois éthiques fondées sur la Fraternité Universelle, et l’empêche d’appliquer ces lois. Le lecteur est prié d’étudier attentivement toute la partie intitulée « Évolution Cyclique et Karma » (S.D. I, pp. 634 et suivantes) pour apprendre qu’elle est « la portée ésotérique des cycles Karmiques sur les Lois Éthiques Universelles » ; apprendre « qu’il y a des conditions internes et externes qui affectent la détermination de notre volonté sur nos actions, et qu’il est en notre pouvoir de suivre l’une ou l’autre voie » ; apprendre « à commencer à agir de l’intérieur, au lieu de suivre éternellement les impulsions de l’extérieur » ; apprendre « que les seuls palliatifs aux maux de la vie sont l’union et l’harmonie – une Fraternité dans les actes, et un altruisme qui ne soit pas seulement un nom » ; et finalement, apprendre l’absolue nécessité « d’une unité de pensée et d’action, et d’une recherche philosophique des mystères de l’être ». Tant que cette perception morale n’aura pas été acquise, tout au moins dans une certaine mesure, la compréhension claire des principes de La Doctrine Secrète sera des plus difficiles, et presqu’impossible.

Nous ne pouvons clore cette étude de La Doctrine Secrète sans faire allusion à une classe particulière de lecteurs. La corruption et la déformation des enseignements de ce grand livre ont commencé du temps même d’H.P.B. Ceux qui ont appris leur « théosophie » à une autre source que celle donnée par H.P.B. ont besoin d’un sérieux avertissement : entre ses enseignements et ceux qui passent communément pour de la Théosophie, il y a un gouffre infranchissable ; la différence entre les deux est aussi grande qu’entre le jour et la nuit. H.P.B. fait allusion aux « spéculations insensées et illusoires que beaucoup de théosophes et étudiants du mysticisme se sont permises, ces dernières années, dans leur effort pour imaginer un système complet de pensée à partir des quelques faits qui leur avaient été précédemment communiqués » (S.D. I, VIII). Quand ils furent repérés par H.P.B., ces paroles ne concernaient qu’un tout petit nombre de personnes, qui se comptaient sur les doigts d’une main ; aujourd’hui, hélas, ils sont légion !

H.P.B. a écrit quelque part (voir article, « Fausses Notions sur La Doctrine Secrète ») : « Vraiment, la répugnance de l’étudiant oriental moderne de penser par lui-même est aussi fort que les exactions et les critiques des occidentaux vis-à-vis des pensées des autres peuples ». L’étudiant devra éviter ces deux tendances, lorsqu’il progressera dans les divers sujets d’études exposés au début de cet article.

L’attitude convenable de l’étudiant de La Doctrine Secrète est d’être libre de tout préjugés religieux, scientifiques et philosophiques, et d’aborder ce livre avec un mental ouvert. C’est ainsi qu’il répondra à l’appel lancé par H.P.B. en citant ces paroles de Shakespeare :

« Écouter avec douceur, juger avec bonté. »

 

(à suivre)
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20 décembre 2010 1 20 /12 /décembre /2010 18:54

CONSIDÉRATIONS SUR LA MAGIE (1)

Nous entendons beaucoup parler de nos jours de la science occulte, et il est probable que nous en entendons de plus en plus parler. Toute chose a son temps, et tout progresse selon les cycles, vient et va, revient, bien que jamais deux fois identique à lui-même. Nos pensées mêmes se conforment à cette loi universelle. La vie, les enseignements, et le sort de Pythagore sont entourés de mystère, mais les écoles qu’il établit et les fidèles qui poursuivent son œuvre, appartiennent à l’histoire. Le massacre des Mages se dresse en face des abus et des horreurs qui furent accomplis en leur nom, sans aucun doute par beaucoup d’êtres se donnant eux-mêmes le nom de Magiciens.

Ce court article n’a pas pour but d’essayer de définir la magie, ou d’élucider la Science occulte, mais plutôt de suggérer quelques considérations d’une importance vitale à l’époque actuelle, aussi importantes pour ceux qui se refusent à voir dans la magie autre chose que de l’imagination, que pour ceux, qui convaincus de son existence en tant  que science, en sont des investigateurs, ou doivent le devenir. Dans les publications et les conversations modernes se rencontrent souvent les expressions de « magie noire » et de « magie blanche », et ceux qui poursuivent ces études sont appelés des fidèles du « sentier de gauche » ou du « sentier de droite ». On devrait comprendre que jusqu’à un certain point, tous les étudiants de magie ou d’occultisme, cheminent côte à côte. Peu à peu, ils se rapprochent d’un endroit où deux routes se croisent, ou, en d’autres mots, où le sentier commun se  divise, et  la voix solennelle du silence qui ne se fait entendre que dans les profondeurs de l’âme individuelle, énonce ce grave commandement : « Choisis aujourd’hui qui tu veux servir ». Au lieu de magie noire ou blanche, lisez motif noir ou blanc.

L’étudiant de l’occultisme se rue vers sa destinée, mais jusqu’à un certain point, cette destinée est dans ses propres mains, car il en trace constamment la ligne, libérant son âme des liens des sens et du soi, ou s’empêtrant dans le filet qui, de sa trame et de sa chaîne, finira par l’enserrer comme un vêtement sans couture.

S’il est jeune dans la race, il a grand peine à secouer ses chaînes, mais qu’il se souvienne qu’à chaque pas elles deviennent de plus en plus tyranniques, et souvent, avant d’atteindre au but où les chemins se divisent, la bataille est ou perdue ou gagnée, et la décision n’est plus alors qu’une question de forme. Une fois cette décision prise, elle est irrévocable, ou à peu près, si bien qu’on ne peut  faire d’exception. L’homme vit à la fois dans deux mondes : le monde naturel et le spirituel, et comme dans le plan naturel, il influence ses compagnons, et est à son tour, influencé par eux, qu’il n’aille pas s’imaginer qu’il en est autrement sur le  plan spirituel. Ce serait là une faute fatale pour le  novice en magie ou pour l’étudiant en occultisme. Dans ce vaste univers, le bien cherche le bien, et le mal, le mal ; chacun est inconsciemment attiré vers sa propre espèce.

Mais lorsque l’homme affronte sa destinée en pleine conscience des résultats impliqués, comme il doit le faire avant de prendre la décision finale, il n’est plus inconscient de ces influences, mais il reconnaît en elles des compagnons, hélas  non, des Maîtres maintenant, inhumains et sans pitié ; et la même lois d’attraction qui l’a conduit sur le sentier tortueux, dévoile son visage, et par l’affinité avec le mal, l’esclave est placé en face de son maître ; les ennemis qui l’avaient incité à rire des misères de ses semblables, et à piétiner sous lui toute impulsion généreuse, toute tendre sympathie, font maintenant résonner les enfers sans fond de son âme, du bruit de leur rire ironique envers le pauvre fou déçu, dont l’orgueil égoïste et l’ambition ont étouffé, et en fin de compte effacé complètement l’humanité.

Il est aveugle en vérité celui qui  ne voit pas pourquoi ceux qui possèdent la sagesse cachée, hésitent à la donner au monde, et lorsque son heure a sonné dans le cycle des temps, ils révèlent la seule doctrine que a le pouvoir de sauver et de bénir : la FRATERNITE UNIVERSELLE, avec tout ce qu’implique ce terme.

Il se peut que déjà en notre ère nouvelle, certains êtres soient entrés sur le sentier de la main gauche. Mais aujourd’hui comme autrefois, « vous les reconnaîtrez à leurs œuvres ».

Il est vain de travailler avec eux. L’égoïsme, l’orgueil et la soif du pouvoir sont les signes auxquels vous les reconnaîtrez. Peut-être ne se révèleront-ils pas de suite, mais ils ne décevront jamais le vrai Théosophe. Ils peuvent toutefois, mener à leur ruine, les ignorants, les curieux et les imprudents, et c’est pour ceux-là que ces lignes sont écrites. Le pis de tout, c’est que ces pauvres âmes trompées sont amenées à croire qu’un tel danger n’existe pas ; et cette croyance est encouragée par les soi-disant hommes de science qu’on cite comme autorité, et qui se moquent de tout à l’exception du matérialisme pure et simple. Pourtant, ces âmes simples voltigent comme des papillons autour d’une flamme, et finissent par être prises dans le tourbillon. Il vaudrait mille fois  mieux que les orgueilleux, les égoïstes et ceux qui sont esclaves du temps, mangent, boivent et s’amusent, plutôt que de s’occuper d’occultisme, car ces tendances, si elles ne sont pas rapidement extirpées, porteront des fruits et produiront une moisson rapide dont le prix est la mort, littéralement le « seconde mort ».

La Théosophie vise à supprimer ces tendances mauvaises dans l’homme, afin que, soit sur les plans ordinaires de la vie quotidienne, soit dans les domaines occultes supérieurs, le Christ soit élevé, et attire tous les hommes à lui.

« La cruauté de l’homme envers l’homme                                                                                     Fait pleurer d’innombrables milliers d’êtres. »

Les Christs de tous les âges ont prêché cette doctrine unique : La Charité et la Fraternité de l’Homme. Renier la loi de Charité, c’est renier le Christ. La Société Théosophique (La Loge Unie des Théosophes) n’est pas responsable d’avoir dévoilé à la génération actuelle la nature occulte de l’homme. Le Spiritisme moderne l’avait déjà fait ; mais la responsabilité n’en retombe pas non plus sur les Spirites car ces forces invisibles s’étaient déjà révélées depuis longtemps, et de nombreux millions d’êtres avaient acquis la conviction – beaucoup contre leur gré – que le monde invisible était une réalité. Ces choses sont ici, et il ne sert à rien de se plaindre ou d’incriminer qui que ce soit. La responsabilité incombe dont entièrement à chaque individu, selon l’usage qu’il fait de ses occasions, selon les buts et moyens qu’il vise ; et en avançant sur ce sentier, compris dans le cercle de nécessité, il influence, qu’il le veuille ou non, ceux dont les sphères de vie  toucheront la sienne en un point quelconque. Ce que vous semez, vous le récolterez. Graduellement, le cycle se fermera, et le mal et le bien reviendront à leur point de départ comme un pain jeté sur   l’eau. C’est une loi qui régit toute vie.

Ne croyez pas qu’il n’y ait que des âmes faibles et vacillantes qui prennent le sentier de la main gauche. Lucifer fut autrefois un prince de lumière, admis au Conseil du Très Haut. Il tomba  par orgueil, et attira dans sa chute tous ceux qui adoraient le démon de l’orgueil. Ceci n’est pas une fable insensée, mais une tragédie terrible jouée aux portes de paradis en face de l’univers assemblé, et jouée à nouveau dans le cœur de l’homme, l’épitomé de tout. La pitié infinie seule peut mesurer la chute d’un tel être, un amour infini seul peut arrêter par l’annihilation, cette torture intenable, et y mettre fin, mais cela uniquement quand le cycle est achevé, quand la mesure d’iniquité est équilibré par la mesure de souffrance. L’occultisme et la magie ne sont pas des jeux d’enfants, comme beaucoup l’apprendront peut-être à leurs dépens, et comme beaucoup d’habitués des cercles sombres l’ont déjà  découvert depuis longtemps. Mieux vaudrait donner de la dynamite à  nos enfants comme jouet, que de la magie à des gens sans principes, sans réflexion, à des égoïstes et des ignorants. Que tous ceux qui sont entrés dans la Société Théosophique s’en souviennent et sondent leur cœur avant de faire le premier pas vers des formules magiques. C’est le motif qui décide de tout. Le pouvoir occulte apporte avec lui une responsabilité inconnue et incommensurable.

Si, dans les assemblés secrètes de l’âme où nul ne peut voir, et aucune pensée décevoir l’étincelle divine : la conscience, nous sommes prêts à oublier le soi, à renoncer à l’orgueil, et à œuvrer pour le bien de l’humanité, alors l’homme droit peut regarder en face cette destinée, suivre ce guide, et ne craindre aucun mal. Sans cela, il vaudrait mieux qu’une meule lui fût liée au cou, et qu’il fût lancé dans les profondeurs de la mer.

                                   William Q. Judge                                          

Cet article fut publié pour la première fois dans Le Path de mars 1887, sous la signature de « Pythagoras »

 

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21 novembre 2010 7 21 /11 /novembre /2010 18:35

Notre tâche se révèlera plus aisée si l'effort est maintenu sans relâche, et si nous nous fixons des heures déterminées, au cours desquelles nous pourrons, pendant quelques instants, nous retirer en nous-mêmes. A cet effet, les moments les plus convenables seront au début et à la fin de la journée. En prenant d'abord le temps du soir, il est très nécessaire, pour une personne désireuse de recevoir une influence spirituelle dans sa vie, d'entreprendre, à titre d'exercice ou de prière de chaque jour, un examen de conscience portant sur quatre aspects de son activité : pensées, sentiments, paroles et actions. Cette revue de nos comportements personnels doit être menée à la lumière de la grande philosophie que nous appelons Théosophie ; et, tout en notant nos bons côtés et nos défauts, il faudrait se résoudre à renforcer lespremiers et éliminer les seconds. Cette revue n'a pas besoin d'être très longue. Mais, en faisant notre examen, nous ne devons pas jouer à l'avocat qui chercherait à défendre le soi inférieur accusé, mais tenir le rôle d'un juge impartial qui examine les pièces du dossier, sans passion, et prononce une juste sentence à propos de cet homme inférieur.  

Une fois termi cet examen, il conviendrait de penser à la nature et au caractère de notre Soi Spirituel le siège de la pensée et du discernement, de la vraie compassion, qui, ordinairement, n'a guère de chances de s'exprimer dans notre existence plongée dans le monde. Pour finir, il faudrait lire un passage tiré de l'un de nos livres consacrés à la vie intérieure, en choisissant éventuellement un verset ou une formule, en particulier, pour en répéter les mots mentalement, de manière à les conserver dans la conscience en nous endormant.

Au réveil, le matin, il faudrait à nouveau nous réserver une période de prière, ou de méditation, ou de communion intérieure, et là, essayer de nous rappeler le verset, ou le passage choisi la veille, en nous efforçant de comprendre toutes ses implications, en découvrant comment son message s'applique aux affaires du quotidien, afin qu'il nous revienne à la conscience, mainte et mainte fois, au cours de la journée qui vient de commencer. Pour saisir une perception claire de ce qui est contenu dans ce verset, ou ce passage, nous devrions penser à notre propre Soi intérieur, comme à notre véritable ami, refuge et guide. Et puis, notre mental étant amené dans une condition paisible, il nous faudrait fixer le regard de notre Âme sur l'étoile dont nous sommes un rayon, cette étoile qui est notre but et qui brille au-dessus de notre tête.

Une telle communion intime nous confèrera compréhension, contentement et paix, mais nous ne devons jamais oublier que « la voie de la paix intérieure consiste, en toutes choses, à s'en remettre au bon plaisir et à la disposition de la Volonté Divine ».

Dans la Doctrine Secrète [éd. anglaise, I, p. 280], H.P.B. a décrit l'aspect le plus élevé de la prière :

« Seul l'à-jamais inconnaissable et impénétrable Kârana la Cause sans cause de toutes les causes devrait avoir son sanctuaire et son autel sur le sol sacré, et toujours inviolé, de notre cœur — [Présence] invisible, intangible, et informulée si ce n'est par « la petite voix tranquille » de notre conscience spirituelle. Ceux qui lui rendent un culte devraient s'y adonner dans le silence et la solitude sanctifiée de leurs Âmes, en prenant leur esprit comme seul médiateur entre eux et l'Esprit Universel, et en faisant de leurs bonnes actions les seuls prêtres, et de leurs intentions pécheresses les seules victimes sacrificielles, visibles et objectives, offertes à la Présence. »

Allusion à des passages de la Voix du Silence, p. 48 (et note 23), et p. 35 (et note 42).

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17 novembre 2010 3 17 /11 /novembre /2010 13:44

C'est pourquoi nous prions pour être guidés par cette Lumière, pour être illuminés par le Soi en nous-mêmes, de manière à pouvoir plier et discipliner complètement notre personnalité inférieure. Et alors, au lieu d'être une pétition adressée à quelque pouvoir extérieur, notre prière devient un acte de volonté, un commandement interne fait à l'homme inférieur, lui intimant d'obéir aux ordres du Divin, en agissant pour et comme le Soi de toutes les créatures. L'homme intérieur confirme sa position comme être spirituel et, sur la ferme position ainsi assumée, exige du soi inférieur une obéissance emprese.

Dans Isis Dévoilée [éd. Anglaise, II, p. 592], H.P.B. écrit ce qui suit :

« L'Atharwa Veda enseigne que l'exercice d'un tel pouvoir de volonté [tel que l'Adepte est capable de maîtriser] est la plus haute forme de prière et sa réponse est instantanée. Désirer c'est réaliser, à la mesure de l'intensité mise dans l'aspiration ; et celle-ci est, à son tour, à la mesure de la pureté intérieure. »

La communion intérieure, dans le sens de l'union avec le Divin, c'est le véritable1 Yoga. La Gîtâ nous enseigne que la sagesse jaillit dans l'être qui réalise à la perfection la dévotion ; et la vraie prière ouvre la voie à ceux qui aspirent à entendre « la petite voix tranquille » du Dieu qui est en nous. « La prière ouvre la vision spirituelle de l'homme, car la prière est désir, et le désir développe la VOLONTÉ » [Isis Dévoilée, éd. anglaise, I, 434]. Elle met le mental en rapport avec de grandes et nobles idées, avec les lois de la Nature et avec des ­intelligences supérieures, en éveillant notre intuition, ou notre pouvoir de vision intérieure, ce qui nous permet d'être transportés « au-delà des scènes de ce monde et ... pour participer à la vie supérieure et partager les pouvoirs propres aux êtres célestes ». Ainsi donc, communion intérieure, dans un sens plus élevés signifie communion non seulement avec notre propre nature intérieure, ou notre Soi Spirituel, mais aussi avec des pouvoirs et puissances supérieures qui résident dans les dimensions infinies de l'espace.

Parmi les démarches préliminaires nécessaires pour nous préparer à une prière ou méditation spirituelle, il y a la purification, la concentration et l'éradication de lgoïsme et de l'égotisme. Interrogé sur ce qu'était la plus grande obstruction sur la voie de la méditation, et qui se présentait le plus fréquemment, W.Q. Judge a répondu que c'était « la mémoire, ou le rappel des souvenirs ». Pour empêcher que des images, des impressions et des sensations du passé affluent et défilent dans le cerveau, et troublent ainsi la méditation, Judge a insisté sur « le besoin de moins d'égoïsme, moins de personnalité, moins d'intérêt porté aux objets, et de désir pour eux — ou pour tout ce qui fait la sensation ».

Ceux qui s'entraînent à la véritable prière ou méditation devraient garder une attitude de constante vigilance en rapport avec leurs pensées. Si on entretient en permanence un refus serein de donner asile à de mauvaises pensées, en remplaçant immédiatement une pensée indésirable par une bonne, de nature opposée, on parviendra à accorder le mental de telle sorte que, progressivement, il se mette spontanément à penser sur un niveau supérieur. Et lorsque les pensées d'un homme sont ainsi devenues pures et nobles, il attire autour de lui des influences bénéfiques.

« L'homme atteint graduellement au repos lorsque, possédant la patience, il a abandonné tous les désirs qui surgissent de l'imagination et dominé par le mental les sens et les organes qui poussent à l'action dans toutes les directions. Ayant fixé son mental en repos sur le vrai Soi, il ne devrait penser à rien d'autre. » [Bhagavad-Gîtâ, VI, 24, 25]  (à suivre...)

 
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15 novembre 2010 1 15 /11 /novembre /2010 18:52

Article publié dans le numéro de mai 1953 de la revue The Theosophical Mouvement.

On dit souvent : « les Théosophes ne croient pas à la prière ». Du fait que le concept de la Théosophie en rapport avec Dieu, ou la Déité — et, par suite, en ce qui concerne la prière — diffère de ce que comprend par ces termes une personne ordinaire, on en déduit, à tort, que les Théosophes ne prient pas. Mais nous, qui étudions cette grande philosophie de la Théosophie, nous croyons à la vraie prière. D'autant plus que la Théosophie fait sien le conseil de saint Paul « Priez sans cesse ».  La Bhagavad-Gîtâ abonde pour dire la même chose. D'un bout à l'autre, elle insiste sur la nécessité de fixer notre cœur et notre mental sur le Krishna qui est en nous, le Soi Supérieur, « l'Ego qui siège dans le cœur de tous les êtres » (Chapitre X, verset 20), et donc, en étant pleins de foi et de dévotion, la nécessité de Lui rendre un culte « en esprit et en vérité » (selon les termes du Nouveau Testament), autrement dit, de nous rendre dignes d'une relation avec cet aspect supérieur de Krishna. Il nous est demandé de devenir des hommes de méditation et d'être « constamment adonnés, pleins de dévotion, à la méditation sur l'Esprit Suprême ». Et qu'est-ce que la méditation sinon « la prière silencieuse et non exprimée en mots »,ou, comme l'a dit Platon, « l'aspiration ardente de l'âme tournée vers le divin » (La Clef de la Théosophie, p. 24).

Quand nous disions que la prière devrait devenir une démarche ininterrompue, ou qu’il faudrait nous mettre à une méditation constante, cela n'implique pas que nous aurions à abandonner les devoirs de la vie, et tenter l'impossible tâche de cesser d'agir, car, on aurait beau restreindre les sens et les organes, si l'attitude convenable du cœur et du mental n'était pas réalisée, une telle entreprise conduirait finalement à ne faire de l'individu « qu'un faux dévot à l'âme égarée » [Gîtâ, III, 6]. Ainsi donc, ce qu'implique vraiment le fait d'être à prier sans discontinuer c'est l'attitude permanente d'offrande — avec l'humilité de l'âme et la pureté du cœur de tout ce que nous pensons, sentons, disons, ou faisons, sur l'autel de la Divine Présence, qui est au cœur même de notre conscience la plus intime. Ce qui signifie aussi qu'il nous faut veiller à ce que toutes nos actions soient en harmonie avec la Loi de ce Divin - qui est la loi de notre être lui-même.

Si notre conception de l'objet de notre culte est limitée, ou d'une nature exclusive, nos prières et notre culte auront nécessairement une portée' limitée et retarderont le progrès de l'âme dans ses aspirations. Il n'existe pas de pouvoir suprême en dehors de nous, et séparé de nous, auquel des prières pourraient être offertes en vue d'en recevoir des faveurs spéciales, ou des réponses à des attentes exprimées. Par ailleurs, de telles formes de culte ont l'effet d'éveiller certaines forces qu'il vaudrait mieux laisser à l'écart, à moins d'avoir un motif pur, et de véritables connaissance et compréhension. Comme l'a dit H.P.B. (Clef, p. 84),

« ... malheur à ces occultistes et à ces théosophes, qui, au lieu d'anéantir les désirs de l'ego personnel (ou homme physique) en s'adressant à leur EGO Supérieur et Spirituel, inondé de la lumière d'Âtma-Buddhi, lui disent : « que ta volonté soit faite et non la mienne », etc., en émettant des ondes énergétiques de volonté dans des buts égoïstes et impies ! Car c’est là de la magie noire, une abomination, et de la sorcellerie spirituelle. »

Une compréhension convenable de la loi de Karma nous révèlera l'inutilité de la prière personnelle. Car, si chaque homme récolte les conséquences de ses propres actes, ne résulte-t-il pas, de façon logique, qu'il n'y a rien à attendre « des dieux impuissants» par le pouvoir des présents et des hymnes, et qu'il est futile de chercher à les soudoyer « avec fruits et gâteaux » ? Karma, la loi de rétribution l'infaillible redresseur de torts — ne respecte pas les personnes : on ne saurait se la rendre propice, ou la détourner, par la prière. « Ainsi donc », conclut H.P.B. (Clef, p. 86) « nous tâchons de remplacer cette prière inutile et vaine par des actions méritoires et productrices de bons effets ».

Il est dit aussi (The Path, volume III, p. 373) :

« ... le “service de l'homme”, et ce qui est décrit plus ou moins correctement comme “le Culte de Dieu”, doivent aller de pair au point de devenir finalement une seule et identique démarche. C'est cette unité finale que nous désirons mettre en pleine lumière. »

Étant la plus haute manifestation sur la terre du Principe Divin Invisible, universellement diffusé, l'homme possède, reflétée en lui, une portion de ce Divin. L'homme intérieur notre « Père qui est dans le secret » est le seul Dieu que nous puissions connaître, si nous nous tournons « en dedans », dans la « chambre intérieure » de la perception de notre Âme. Ce qui fait de la vraie prière un exercice tourné vers le dedans, une communion intérieure avec la Divine Présence, dans le seul sanctuaire où cette Présence puisse recevoir un culte — à savoir dans notre propre cœur.

On mesurera ici combien cette idée de la prière — considée comme communion avec la partie de la nature de l'homme qui d'ordinaire reste inaperçue et ignorée — est différente de ce qu'on conçoit généralement comme prière, qui exige, au contraire, de tourner la conscience vers l'extérieur, et qui (comme Jésus l'a souligné) aboutit parfois à une manifestation hypocrite. L'hypocrisie constitue (comme nous en a avertis H.P.B.) un “péché impardonnable”.              

Qu'arrive-t-il en nous-mêmes quand nous tournons notre conscience vers l'intérieur, et entrons dans la chambre du cœur ? Parvenus , nous fermons la porte, et, avec révérence, fixons notre conscience sur le Soi Spirituel. Comme l'a dit Platon, « l'aspiration ardente de l'âme vers le divin » n'est pas « pour demander un bien particulier (selon la signification communément attribuée à la prière), mais pour le bien lui-même — le Bien Suprême universel, dont nous sommes tous un fragment sur terre et dont l'essence est la source d' nous sommes tous issus ». « C'est pourquoi », ajoute Platon, « reste silencieux en présence des êtres divins, jusqu'à ce qu'ils dissipent les nuages de tes yeux, et te rendent capable de voir, à la faveur de la lumière qui émane d'eux-mêmes, non pas ce qui te semble bon à toi, mais ce qui est intrinsèquement bon » ( Clef. p. 24, [allusion au Phèdre de Platon, 249d]).

                                                                                                                                                              ( À  suivre...)

« En tous temps, priez en Esprit » Epître aux Ephésiens, 6, 18.

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14 septembre 2010 2 14 /09 /septembre /2010 16:41

Le Bonheur - Le Désir opposé à la Discipline

Cet article d’ A. R. WADIA est traduit de la revue The Aryan Path, Bombay, Inde, Vol. VI, n° 2. Paru en français dans la revue Théosophie de Paris, Volume XI, n°10 (1936).  A. R. WADIA, Professeur de Philosophie à l'Université de Mysore, est déjà connu de nos lecteurs. L’article il parle d'une manière pratique du faux culte de l'Hédonisme qui est à la mode partout aujourd'hui. — Eds.

IL y a une belle histoire du Bouddha qui raconte comment une mère inconsolable le priait de faire revenir son enfant mort à la vie. Le Bouddha dans sa bonté, offrit d'exaucer sa prière, si elle pouvait lui rapporter une graine de moutarde d'une maison où personne de cher n'était mort. Avant peu la mère comprit l'impossibilité de cette recherche, mais elle apprit aussi quelque chose de bien plus important : la morale de la parabole inexprimée de l'Illuminé. Elle comprit ce que tous les autres mortels ont compris, que la vie n'est pas un lit de roses. Celui qui voudrait rechercher le bonheur absolu est condamné d'avance. Nous savons tous cela, mais il semble y avoir quelque chose en nous qui nous pousse vers la recherche du plaisir. C'est pour cela que l'hédonisme présente ce paradoxe, il paraît toujours être  vaincu, mais il vit toujours. Pendant des périodes de grande exaltation religieuse, les masses se détournent des plaisirs des sens, mais après une génération ou deux, nous trouvons le pendule se balançant vers l'autre extrême. L'éternel conflit entre l'esprit du Puritanisme et l'esprit de l'Hédonisme, fait certainement ressortir ce fait, que le désir du bonheur est un trait enraciné dans la nature humaine et qu'il ne peut pas être supprimé par le seul désir d'un fanatique religieux. Mais qu'est-ce que le bonheur ?

L'homme simple cherche son bonheur en accomplissant tous ses désirs physiques, de même que les enfants trouvent que c'est impossible de ne pas suivre leurs moindres impulsions. Mais, à mesure que l'homme grandit, il commence bientôt à réaliser que la satisfaction sans frein de ses désirs, le met en conflit avec les volontés opposées de ses voisins. La grande leçon sociale de donner et de recevoir le frappe fortement. Il finit par comprendre que le bonheur implique une discipline de ses désirs autant que leur satisfaction. L'homme primitif s'irrite contre ces restrictions, mais pour cette même raison les tabous sociaux et la rigidité des coutumes sont d'autant plus forts. Car c'est seulement par la discipline que même une communauté primitive peut espérer survivre dans la lutte pour l'existence au milieu de tribus hostiles et de la force brutale des bêtes sauvages. L'homme primitif ne peut pas voir la différence entre le blé et la paille, entre ce que tous les individus doivent être forcés à accomplir et ce qui peut être laissé à l'initiative de l'individu. C'est pour cela que la vie primitive n'a aucune barrière marquée entre les coutumes, la loi, la moralité et la religion. Toutes sont inextricablement mélangées et l'individu devient une machine.

Avec la civilisation est née la liberté. On distingue, quoique l'on ne sépare pas nécessairement, la moralité de la religion. La loi a sa propre sphère, lâchant son emprise sur la moralité et la religion, et ce qui n'est que coutume a aussi sa propre place. Ainsi, il reste un espace considérable pour que le génie naturel de l'individu, puisse jouer son rôle dans le domaine de la science et de la philosophie, de l'art et de la religion. Aucune de celles-ci n'aurait pu accomplir sa longue carrière historique sans une grande liberté. On croit souvent que la liberté est en opposition perpétuelle avec la coercition exercée par les pouvoirs existants. C'est pour cela que l'on parle souvent de l'essence même de la liberté comme si elle était dans la liberté de toute contrainte. Mais ceci n'est qu'une demi-vérité et comme toutes les vérités partielles elle est dangereusement trompeuse. La liberté, dans ce sens, se trouve bientôt en conflit avec les volontés des autres, et l'individu ainsi contrecarré commence à sentir qu'il serait heureux si sa volonté pouvait avoir libre jeu. Mais ceci n'est qu'un rêve, car l'homme livré à lui-même sombrerait vite au niveau de la bête solitaire. L'humanité qui est en lui ne peut fleurir que dans le sein protecteur de la société, qui de par sa nature même, implique une contrainte de la volonté individuelle. C'est ce qui fait la valeur de la discipline. C'est ce qui fait la valeur du paradoxe que l'homme ne peut développer ce qu'il y a de meilleur en lui qu'en développant son soi de façon à ce qu'il s'identifie avec la volonté de sa société. La volonté sociale est impersonnelle en tant que personnification de vieilles traditions et de la culture construite par les générations passées. Mais elle est personnelle aussi, car elle vit dans la volonté de chacun de ses membres. Elle est vivante autant que les générations successives incarnent son esprit. Elle change naturellement selon les exigences des conditions changeantes, mais elle construit le nouveau sur les bases de l'ancien.

C'est une loi historique rigide qu'une société ne peut réussir dans la lutte pour la vie que si elle est unie par la loyale fidélité de ses membres. Une société dans laquelle le lien social est faible et où l'individualisme règne, risque de sombrer. Prima fade, ceci est un argument en faveur du conservatisme, et toute société doit être, jusqu'à un certain point, conservatrice, car aucun homme ne peut soudainement commencer la marche d'une civilisation. L'homme doit s'imbiber de tout ce que le passé a créé et qui est prêt à être employé par celui qui a la volonté et l'habileté de l'employer. Mais le conservatisme seul a aussi ses dangers. Sa forme la plus exagérée conduit à une déification du passé. Cependant une société vivante ne peut pas vivre seulement sur le passé. Elle doit faire face à de nouvelles circonstances et créer de nouvelles façons de penser pour comprendre les nouvelles forces. Elle doit forger de nouveaux instruments pour réussir dans ses luttes. Une société qui échoue dans sa tâche d'adaptation aux nouvelles circonstances, risque de sombrer.

Dans le passé, une grande partie de la psychologie et de l'éthique a été déformée, parce que l'on considère l'homme comme une entité en lui-même, quand en réalité la véritable entité a été la société, qu'elle soit grande ou petite, dont l'homme n'est qu'une fraction. Un enfant est né faible ; il est incomplet, mais il se complète en quelque sorte par le contact avec ses parents. A mesure qu'il grandit, il se complète encore plus en allant à l'école, par son contact avec ses professeurs, ses camarades, les livres qui l'attendent sur les rayons des bibliothèques, avides d'être lus et digérés, aussi dépourvus d'égoïsme que le flambeau qui transmet sa flamme à d'autres torches innombrables. A mesure que l'homme grandit encore plus, de vagues désirs le remplissent, jusqu'au moment où son cœur palpite à la vue d'une autre personne. Il veut la toucher et être touché par elle, et bientôt ils deviennent un. Il continue à grandir en elle et ensuite surgit une personnification concrète de l'union entre lui et son épouse. La vie devient sérieuse, lui impose des devoirs pour satisfaire aux besoins de cette unité familiale composée de trois ou plus de personnes. Il doit faire face à la vie et gagner son pain. Il doit supporter les déceptions et l'injustice, surmonter la calomnie et se forger une vie d'une façon ou d'une autre, jusqu'au moment où il ne peut plus travailler et ne peut que se tourner vers ses enfants pour qu'ils le soulagent de ses fardeaux. A la fin vient Yama [la mort]  et — le cycle recommence.

Examinez la vie d'un homme. A quel moment était-il indépendant, indépendant dans le sens de pouvoir faire ce qu'il voulait, de pouvoir sauter par-dessus tous les obstacles, lancer tout de côté d'un geste brusque ? Pas même le plus grand homme de tous les âges ne peut se vanter d'avoir été vraiment indépendant. Alexandre et César, Timur et Babar auraient été impuissants sans leurs cohortes fidèles. Les rois ne peuvent se passer de la fidélité de leurs sujets, et les démocraties ne peuvent prospérer que si la discipline existe. Seul, un enfant peut se permettre d'être concentré sur lui-même et de rêver. Des intérêts grandissants se groupent autour de lui, jusqu'à ce qu'il sente en lui-même sa propre insignifiance. Il peut mourir inconnu ou son cercueil peut être suivi par une foule pleine d'admiration, mais la valeur de sa vie ne peut être mesurée que par la réponse à cette question : a-t-il laissé le monde meilleur que quand il l'a trouvé, dans la mesure qu'il lui était possible de le rendre meilleur ou pire ?

Où est le bonheur ? Quelle place occupe-t-il dans le système de la vie ? Carlyle, avec une intensité presque sauvage, parla contre le culte du bonheur. Quel droit l'homme a-t-il d'être heureux ? Demandait-il, et la biologie semble faire écho à sa question. Tel semble être son conseil, que l'homme travaille et accomplisse quelque chose et le bonheur viendra de lui-même. Mais l'homme ne veut pas entendre. Peut-être n'est-il pas constitué pour entendre. C'est pour cela que notre monde contemporain est perdu dans une recherche fiévreuse du bonheur. Les adorateurs du bonheur nous assurent qu'on peut le trouver dans des cocktail-parties, dans des bals de minuit, en abolissant le mariage par un éclat de rire, comme s'il était une vieille croyance usagée. L'Amérique se dit être supérieure du point de vue moral, parce qu'elle compte un divorce par cinq mariages. Par conséquent on atteindra la plus haute perfection quand il y aura un nombre égal de divorces et de mariages. La Russie Communiste considère le mariage comme une simple formalité légale qui peut être remplie ou non, selon le désir des partis contractants. Cela n'a aucune importance. M. Maurice Hindus a décrit le cas d'une jeune fille Russe qui parlait de son père comme étant « un grand moujik avec sa barbe rousse de bouc et sa démarche de bête sauvage ». Une fille de l'Inde conservatrice a publié ouvertement :

« Les hommes sucent le sang des femmes, comme les capitalistes sucent le sang des ouvriers. En d'autres mots, les hommes ruinent les femmes en les enchaînant avec les chaînes du mariage. Toutes ces maisons de prostitution sont le résultat des fers du mariage. Si le système marital était aboli, si tous les hommes et toutes les femmes étaient libres, aucune maison de prostitution n'existerait dans le monde. »

Pourquoi ce cri contre le mariage ? Parce que dans ces temps modernes, certains penseurs intellectuels ont disséqué le mariage à tel point que toute sa réalité a disparu. Les jeunes gens et les jeunes filles pleins d'ardeur et de fougue trouvent le but même de leur bonheur dans un joyeux carnaval de vin et de danse. « Ah, prends l'argent et laisse le crédit », semblent-ils répéter avec le vieil Omar. Chez Omar Khayyam c'était une humeur née d'espoirs déçus et de problèmes de la vie incompris, et elle se terminait dans un cri de désespoir : « Ah, prends l'argent et laisse le crédit ».

Chez nos philosophes modernes du bonheur, cette humeur a cédé sa place à un système nourri dans le sein de la liberté. Mais eux aussi doivent encore apprendre que l'on ne peut pas acheter le bonheur à un si vil prix. L'amour libre a aussi ses douleurs et ses désappointements. Lui aussi a réclamé son prix par des espoirs déçus et a trouvé sa tombe dans l'oubli du suicide.

Peut-on trouver le bonheur sans une discipline quelconque ? Quelle page de l'histoire nous montre un homme qui a trouvé le bonheur en faisant tout ce qu'il voulait ? Quelle que soit la liberté qu'offre la Russie moderne dans le domaine du mariage, il n'y a pas de pays plus discipliné en ce qui concerne les principes fondamentaux à la base du culte soviétique. Aucun Bolchevik n'ose s'abandonner au luxe ou à de simples joies. Il ne peut pas boire, il ne peut pas jouer, quoiqu'il n'ait que peu de choses avec lesquelles il puisse jouer. Il doit renier ses parents s'ils sont bourgeois, et il doit même changer de nom. Vraiment voilà l'apothéose de la liberté ! Qu'elle soit bonne ou mauvaise, cette discipline de fer seule a permis au Gouvernement Soviétique de vivre entouré comme il l'est d'un cercle de pays capitalistes. Combien de temps encore va durer cette liberté dans le mariage et le divorce ? Ce n'est peut-être qu'un balancement temporaire du pendule, une réaction contre l'ancienne discipline. En tous les cas c'est un essai audacieux pour résoudre le problème des maisons de prostitution. Mais aucune solution ne peut être réelle et durable tant que les maisons de prostitution ne sont abolies qu'en convertissant chaque famille en une maison de prostitution — et c'est ce qu'impliqué l'amour libre.

Une génération rassasiée d'un excès d'amour peut encore apprendre la leçon la plus élémentaire de l'histoire, que le bonheur absolu n'est pas fait pour l'homme et qu'il ne peut espérer en obtenir un peu .que par la discipline. La première leçon de toute morale, que ce soit en Orient ou en Occident, c'est le contrôle de nos impulsions, c'est-à-dire la tempérance. Il n'y a aucun succès dans la vie, sauf dans la mesure que nous servons les buts sociaux, et le succès vient à ceux qui ont une volonté disciplinée. Ce n'est que jusqu'à cette limite restreinte que nous autres mortels, nous pouvons espérer être heureux. C'est une récompense qui ne viendra pas vers nous si nous en faisons le tout et le but même de notre vie. Elle viendra vers nous comme une chose inespérée, si nous avons conscience d'avoir fait notre devoir en nous rattachant à ce que nous considérons honnêtement comme le bien, et en le faisant pour alléger le fardeau d'injustice et d'oppression, pour égayer ceux qui combattent et pour aider les justes.

A. R. WADIA.

Ne crois pas qu'on puisse jamais détruire la luxure en la satisfaisant à satiété : c'est là une abomination inspirée par Mâra. C'est quand on le nourrit que le vice prend de l'extension et des forces, comme le ver qui s'engraisse du cœur de la fleur. La Voix du Silence.

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30 août 2010 1 30 /08 /août /2010 13:32

Suite de l’article sur la santé de l’homme personnel

…Aussi judicieuses que peuvent être les suggestions du docteur Alexis Carrel, elles ne sauraient convenir pleinement à l’étudiant théosophe. L’Ésotériste doit pratiquer la discipline divine et maintenir un équilibre convenable entre le corps et l’âme-mental. Le corps est le véhicule du Soi incarné ; les désirs s’attachent au corps ; l’équilibre entre l’âme et le corps dépend grandement des effets des désirs sur le corps, et du corps sur les désirs. Les exercices physiques doivent cependant être pratiqués par le néophyte, en prenant en compte les désirs, les pensées et la volonté. « Ton âme ne peut être blessée que par les errements de ton corps. » La discipline divine est basée sur le principe du juste milieu ; ainsi, nous devons entraîner le corps avec douceur, sans violence, en étant attentif à l’activité du cerveau et du système cérébrospinal.

Chaque exercice du corps affecte le souffle, et par conséquent, la respiration qui est la seconde partie de la paire « exercice-respiration ». Un dommage bien plus grand est fait au corps par la pratique du pranayama que par l’asana ou les postures. En parlant des trois exercices du souffle nasal appelés Puraka, Kumbhaka, et Rechaka, H.P. Blavatsky déclare qu’ils sont « très pernicieux pour la santé » [voir Note 10]. Elle fait aussi référence au véritable pranayama, le souffle du mental ou de la volonté qui régule et harmonise la respiration du corps. En métaphysique et sur le plan cosmique, l’Esprit Divin souffle, pendant qu’Il plane au-dessus des eaux de l’Espace, avant la manifestation d’un Univers ; c’est le souffle archétypal ou pranayama [qui se propage de] l’intérieur vers l’extérieur. L’étude du Grand Souffle, dans la Doctrine Secrète, indiquera ce qu’est le véritable pranayama, et il est conseillé au nouvel étudiant de toujours procéder de l’universel au particulier. Une simple et profonde respiration satisfait pleinement aux conditions mises en avant par Vyasa : « L’inspiration de l’air extérieur, et l’expiration, le rejet au-dehors de l’air absorbé, est la régulation du souffle (ou pranayama). »

Dans son véritable sens, pranayama, est l’inspiration, la rétention et l’expiration rythmique du souffle, à l’image des Pouvoirs Macrocosmiques qui insufflent leur souffle dans l’Univers, puis le ré-aspirent. La courte pause qui est faite dans toutes les actions, symbolise le moment ou la conscience prend ou relâche son contrôle : [le moment] Balance ou le point d’équilibre.

De même que l’exercice, l’hygiène et la nourriture sont nécessaires au corps, de même ces choses sont nécessaires au corps astral. La propreté du corps astral est obtenue en chassant les pensées mauvaises et égoïstes qu’il retient, par des bonnes pensées et des sentiments harmonieux. C’est pourquoi, il nous est recommandé de lire des livres « sacrés », particulièrement ceux qui ont le pouvoir d’attirer les forces positives de la nature. Toute aussi importante, est la revue quotidienne pour prendre conscience de ce qui est dans notre mental et notre cœur et que nos actions révèlent. Mais cette revue quotidienne sera finalement peu bénéfique, si elle ne s’achève pas par une vision prospective illuminée de pensées spirituelles, à l’instar de la revue qui marque la fin de la période dévachanique [voir Note 11].

Il y a une relation étroite entre l’exercice physique et la santé du corps astral avec ses sens et ses nerfs, que sont prana et kama. Comme nous le disons parfois, « je me suis promené pour l’éliminer, » en faisant allusion à une peine émotionnelle [kamique] ou à un dérangement physique ! Les exercices physiques stimulent le souffle, permettent de transférer plus d’air aux organes, et d’éliminer plus de toxines du corps. Il en est de même avec prana. Prana circule à travers le corps astral, et lorsqu’il est exhalé, il correspond à l’expulsion du souffle. Lorsque nous ne nourrissons pas de mauvais sentiments par la pensée, ils dépérissent et meurent. Et même s’ils ne sont pas détruits, au moins ils ne sont plus entretenus.

Les exercices physiques nous mettent en contact avec la sphère de l’air ; les sentiments et les pensées que nous entretenons pendant ces exercices sont un facteur important, car les sylphes (les élémentaux de l’air associés aux pensées) influencent très fortement notre tempérament, en bien ou en mal. Lorsque l’ozone ou l’oxygène est inhalé par les poumons physiques, que font nos « poumons-pensées » et nos « narines-sensations » ? L’air d’un quartier insalubre est vicié ; l’air au sommet d’une montagne est vivifiant ; un coup de vent violent peut nettoyer et une brise légère ré-énergiser. De la même façon les « poumons du mental », et les « narines des émotions » doivent être pris en compte dans les exercices du corps physique.

Ainsi même dans les choses de la vie quotidienne que sont la nourriture, l’habillement, l’exercice physique, la respiration, le penseur, l’homme véritable, devrait toujours songer à la grande Mère Nature.

————————————

Note 1 : Dans la Bhagavad Gîtâ, Krishna fait allusion aux trois qualités, sattva, rajas et tamas. La première est de la nature de la vérité, pure et lumineuse ; la seconde participe de la vérité à un degré plus faible ; elle est de la nature de l'action et contient aussi la qualité du mal. La troisième, tamas, est entièrement mauvaise et sa particularité essentielle est l'indifférence, qui correspond aux ténèbres où toute action de qualité pure est impossible. Ces trois grandes divisions — ou guna, selon l'expression sanskrite — embrassent toutes les combinaisons de ce que nous appelons « qualités », qu'elles soient morales, mentales ou physiques. (Extrait des Notes sur le Bhagavad-Gîtâ, éd. Textes Théosophiques)

Note 2 : Les élémentaux (ou esprits des éléments) sont des créatures évoluées dans les quatre règnes, ou éléments : terre, air, feu et eau. Ils sont appelés par les kabbalistes gnomes (de la terre), sylphes (de l'air), salamandres (du feu) et ondines (de l'eau), en laissant de côté quelques espèces plus élevées et leurs régents. Ces élémentaux constituent des forces. (Extrait du Glossaire de La Clef de la Théosophie, éd. Textes Théosophiques)

Note 3 : Il y a deux soi dans les hommes : le supérieur et l'inférieur, l'impersonnel et le personnel. L'un est divin, l'autre semi-animal. Il y a lieu de faire une grande distinction entre les deux.

Note 4 : La robe Shâna [faite de fibres de la plante Shana] est à rattacher à Shânavâsin de Râjagriha, le troisième grand Arhat, ou « patriarche » (selon le nom donné par les orientalistes à la hiérarchie des trente-trois Arhat qui répandirent le bouddhisme). L'expression « revêtir la robe shâna » traduit métaphoriquement l'acquisition de la Sagesse qui permet de gagner le Nirvâna de destruction (de la personnalité). Littéralement, c'est la « robe d'initiation » que l'on remet au néophyte. (Extrait de note en page 49 de La Voix du Silence, éd. Textes Théosophiques)

Note 5 : Les trois corps ou formes du Bouddha sont appelés : Nirmânakàya, Sambhogakâya et Dharmakâya.

Le premier est la forme éthérée que l'on prendrait si, en quittant son corps physique, on apparaissait dans son corps astral — à condition de posséder en outre toute la connaissance d'un Adepte. Le Bodhisattva développe cette forme en lui-même à mesure qu'il avance sur le Sentier. Quand il a atteint le but et refusé son fruit, il reste sur terre comme un Adepte ; à sa mort, au lieu d'aller en Nirvâna, il demeure dans ce corps glorieux qu'il a lui-même tissé à son usage, comme une présence invisible à l'humanité non initiée, pour veiller sur elle et la protéger.

Le Sambhogakâya est le même corps de Bouddha, avec l'éclat supplémentaire que lui confèrent trois « perfections », dont l'une est l'effacement complet de toute préoccupation terrestre.

Le corps Dharmakâya est celui d'un Bouddha accompli : en fait, ce n'est pas un corps du tout mais un souffle idéal ; la Conscience absorbée dans la Conscience ou Âme Universelle, privée de tout attribut. Une fois au niveau de Dharmakâya, l'Adepte ou le Bouddha abandonne derrière lui toute relation possible avec cette terre, ou toute pensée la concernant. Ainsi, en langage mystique, il est dit qu'un Adepte qui a gagné le droit au Nirvâna « renonce au corps Dharmakâya » afin de pouvoir aider l'humanité ; il ne garde du Sambhogakâya que sa grande et complète Connaissance, et demeure dans son corps Nirmânakâya. L'École ésotérique enseigne que Gautama le Bouddha (avec plusieurs de ses Arhat) est un tel Nirmânakâya : au-dessus de lui, en raison de son renoncement sublime et de son grand sacrifice pour l'humanité, il n'existe aucun exemple connu. (Extrait de note en page 94 de La Voix du Silence ‒ Éd. Textes Théosophiques, Paris)

Note 6 : Sannyasi (ou Samnyasin) (sanskrit). Ascète hindou qui atteint la connaissance mystique la plus haute ; dont l'esprit est fixé exclusivement sur la vérité suprême, et qui a entièrement renoncé à tout ce qui est terrestre et mondain. (Glossaire Théosophique – Éd. Adyar)

Note 7 : Dhammapada, Traduction par Le Dong, Collection Sagesse, Editions du Seuil, Paris.

Note 8 – Corps astral : La Théosophie considère l’homme comme une entité septuple. Voici un aperçu rapide de ces sept aspects (ou principes) de l’homme (tableau extrait de La Clef de la Théosophie, pages 107-8 ‒ Éd. Textes Théosophiques, Paris) :

Termes sanskrits

Signification exotérique

Explication

LE QUATERNAIRE INFÉRIEUR

(a) Rûpa, ou sthûla
     sharîra

(a) Corps physique

(a) C'est le véhicule de tous les autres "principes" pendant la vie.

(b) Prâna

 (b) Vie, ou principe vital

(b) Nécessaire seulement à a, c, d, ainsi qu'aux fonctions du Manas inférieur qui englobent toutes celles qui sont limitées au cerveau (physique).

(c) Linga sharîra

 (c) Corps astral

(c) Le Double, le corps fantôme.

(d) Kâmarûpa

(d) Le siège des désirs et passions animaux

(d) C'est le centre de l'homme animal, où se trouve la ligne de démarcation qui sépare l'homme mortel de l'entité immortelle.

LA TRIADE SUPÉRIEURE IMPÉRISSABLE

(e) Manas - un principe double dans ses fonctions.

(e) Mental, Intelligence ; le mental humain supérieur dont la lumière ou le rayonnement unit, durant la vie, la MONADE à l'homme mortel.

(e) L'état futur et la destinée       karmique de l'homme dépendent du devenir de Manas, selon qu'il descend plus bas, vers kâmarûpa, le siège des passions animales, ou qu'il s'élève en gravitant vers Buddhi, l'Ego spirituel. Dans ce dernier cas, la conscience supérieure des aspirations spirituelles individuelles du mental (Manas), assimilant Buddhi, est absorbée par ce principe et constitue l'Ego, qui entre dans la béatitude dévachanique [état de conscience après la mort].

(f) Buddhi

(f) L'Âme Spirituelle

(f) Le véhicule de l'esprit pur et universel.

(g)Âtma

(g) L'Esprit

(g) Un avec l'Absolu (du fait qu'il en est le rayonnement).

Note 9 : Notes sur la Bhagavad-Gîtâ, page 139 (éd. Textes Théosophiques).

Note 10 : Rechaka (sanskrit.). Une pratique du Hatha Yoga, pendant l'exécution du Prânâyâma ou régulation du souffle ; à savoir, celle d'ouvrir une narine et d'en faire sortir le souffle, en conservant l'autre fermée : une des trois opérations respectivement appelées Pûraka, Kumbhaka et Rechaka – opérations très pernicieuses pour la santé. (Glossaire Théosophique – Éd. Adyar)

Note 11 : Il est dit en Théosophie qu’avant la naissance l’Ego a une vision de la nouvelle incarnation qui l’attend : « De même qu'au moment de la mort l'homme passe en revue rétrospectivement la vie qu'il a menée, de même, au moment où il renaît sur terre, l'Ego qui se réveille de l'état du devachan [période de repos et d’assimilation entre deux incarnations sur terre] a une vision prospective de la vie qui l'attend et se rend compte de toutes les causes qui l'y ont conduit. Il en prend conscience et voit le futur, parce que c'est entre le devachan et la re-naissance que l'Ego regagne sa pleine conscience manasique, et redevient, pendant un court espace de temps, le dieu qu'il était avant de descendre pour la première fois dans la matière, conformément à la loi karmique, et s'incarner dans le premier homme de chair. Le « fil d'or » voit toutes ses « perles » et il n'en manque pas une. » (La Clef de la Théosophie – pages 177-8 – Éd. Textes Théosophiques). Dans l’Océan de Théosophie (page 123, éd. T.T.) il est écrit « Toute la période assignée par les forces de l'âme ayant pris fin en devachan, les fils magnétiques qui rattachent l'âme à la terre commencent à affirmer leur pouvoir. Le Soi se réveille de son rêve, il est rapidement emporté vers un corps nouveau puis, juste avant la naissance, il perçoit, l'espace d'un instant, toutes les causes qui l'ont conduit en devachan et qui le ramènent à une vie nouvelle ; comprenant que tout est juste, que tout est le résultat de sa propre vie passée, il ne murmure pas, mais se charge de nouveau de sa croix : une autre âme est revenue sur terre. » On retrouve une croyance similaire dans d’autres traditions spirituelles comme par exemple dans le judaïsme avec ce petit conte tiré du Talmud Balbin, « Je connaissais le Midrash qui explique que l’enfant dans le ventre de sa mère, a une lumière sur la tête, et peut voir ainsi le début jusqu’à la fin du monde. Il détient tout le savoir, il sait ce qui se passe, ce qui s’est passé et ce qui se passera aux limites du monde. Mais à sa naissance, un ange lui pose un doigt sur la bouche et le nouveau-né oublie tout de ce savoir absolu. Il en garde l’empreinte creusée par le doigt de l’ange au-dessus de la lèvre » (Les Contes Hébreux, par Axelle Hutching, éd. Actes Sud, Paris). … (À suivre)

 

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24 août 2010 2 24 /08 /août /2010 15:43

La santé de l’homme personnel

  I. Nourriture et Habillement

« Abstiens-toi des aliments dont nous avons parlé, et dans les purifications,

« Comme dans la libération de l’Âme, décide, et réfléchis sur chaque chose »

Les Vers d’Or des pythagoriciens (v. 67-68 – Trad. Léonard Saint-Michel – Éd. Typ. Marcel Bouin)

Le Maître dit, « Ni la robe et ni le vêtement porté par dessus ne doivent prendre la place l’un de l’autre ; il en est de même parmi les humains, où aucun homme ne devrait troubler un autre, ni interférer avec lui ».

« Quand une personne importante met un vêtement propre à son rang, il le porte comme le requiert son rang. Il tient des paroles conformes à de son rang ; et ses paroles il les rend vraies par ses vertus. Ainsi un homme important sera honteux de porter un vêtement, sans avoir le comportement qui convient ; honteux de sa conduite s’il n’a pas de paroles correctes ; honteux de ses paroles, si elles ne sont pas guidées par les vertus ; honteux de ses vertus, s’il ne donne pas l’exemple. » – Confucius

Dans son alimentation, comme pour tout le reste, une personne est enclin à prendre une nourriture de type tamasique, rajasique, ou sattvique [voir Note 1] correspondant à son tempérament physique ; ce tempérament résulte de la nature des vies qui composent son corps. Sur le plan physique, nous reconnaissons la valeur ou la nocivité de certains aliments, en ne considérant que leurs effets sur la physiologie, et la santé du corps. Cependant dans leur quotidien, la plupart des personnes ne répondent qu’aux habitudes et aux caprices du palais, ses plaisirs et déplaisirs. La connaissance moderne attribue ses propres valeurs aux différents aliments. Elle reconnaît également l’utilité de l’hygiène dans la préparation et le service de la nourriture, mais sa connaissance des principes d’hygiène est très limitée. Les hommes et femmes d’aujourd’hui ignorent presque tout du magnétisme humain, ses propriétés, sa nature et ses fonctions. L’hygiéniste connaît la propreté physique, mais ne suspecte même pas l’existence du magnétisme, et la nécessité de la pureté magnétique. De la même façon, nous ne tenons pas compte de l’attitude intérieure pendant la préparation des aliments ; nous pensons à la nourriture uniquement comme quelque chose qui doit satisfaire le goût ou la faim. Lorsque nous essayons de pratiquer la doctrine ésotérique de notre philosophie, nous considérons et évaluons la nourriture différemment. La nourriture est vivante ; même une carcasse morte est vivante. La nourriture est composée de vie élémentales [voir Note 2]. Notre corps physique est appelé Annamaya Kosha, c'est-à-dire « l’enveloppe des aliments » ; la nourriture permet de développer et de transformer le corps. La détérioration ou l’amélioration de la santé et de la sensibilité du corps dépend dans une grande mesure de la nourriture. L’ordre, la propreté, l’attention au détail, sont nécessaires à toutes les étapes de la préparation et de la consommation des aliments. L’ordre implique philosophiquement parlant, de respecter les proportions géométriques et mathématiques, par contre celui dont le mental est négligeant et égoïste, ignore ces fondamentaux. La nourriture doit être considérée comme un don du Soi [voir Note 3] fait au corps, et par conséquent elle doit être prise de manière convenable, au bon endroit, et au bon moment. Le corps ressent-il de la reconnaissance pour un tel don ?

La connaissance moderne, par sa vision erronée de la nourriture, égare des masses de personnes. Cette erreur est admirablement décrite par Roy Walker dans son document d’information et de valeur, intitulé, Pain et Paix :

« La science moderne de la nutrition considère le corps humain comme une unité économique, une demeure qui doit être en ordre, sans tenir compte de son occupant intime ; cet habitant est une hypothèse qui renvoie formellement à un autre département de la science. Le nutritionniste pourvoira au besoin d’un corps « préfabriqué » ; l’âme, si elle existe, devra s’adapter à ce corps.

« Mais la véritable fonction des aliments est de pourvoir au bien être de l’homme entier ; de contribuer à l’idéal d’un mental sain dans un corps sain. La première règle simple de cette hygiène consiste à ne pas nourrir l’un au détriment de l’autre. De même que le mental et l’esprit sont « les freins et les contrepoids » subtils pour contrôler l’instinct physique sexuel dans le choix d’un partenaire approprié, de même devraient-ils éclairer l’appétit sur les besoins de nourriture du corps, afin que celle-ci, une fois transsubstantiée en notre propre chair, soit parfaitement appropriée à la personnalité. Il existe une « promiscuité diététique » qui est aussi nuisible à la bonne intégration des facultés humaines supérieures, que ne l’est la promiscuité sexuelle. L’énergie remarquable montrée par des hommes tels que Gandhi dans le passé, ou Shaw et Cripps aujourd’hui, n’est pas due à une grande consommation de protéines ou de vitamines (ils en consomment certainement moins qu’un consommateur moyen), mais au simple fait que chez eux, la pensée et le corps sont assis à la même table et nourris ensemble. Il n’est plus nécessaire de dissocier la pensée, de l’acte ; réprimer les images d’abattage d’animaux et la pensée de dégoût physique qui en résulte, et consommer de la viande et du sang. »

L’Abidhamma (livre VII) traite des quatre types de nourriture : (1) la nourriture matérielle ; (2) la nourriture pour les sens ; (3) la nourriture pour la volition mentale ; (4) la nourriture pour la conscience. Et Krishna dans la Bhagavad-Gîta déclare : « Je me joins à la respiration ascendante et descendante et je produis l’assimilation des quatre sortes d’aliments. » (XV.14)

Ceci est vrai aussi pour l’habillement. Une personne au mental attentif considère que le corps est une copie en miniature de tout l’univers. Comme la caractéristique de l’univers visible est la loi et l’ordre, il doit en être de même dans notre présentation extérieure ; c'est-à-dire que nos habits doivent être correctes, propres et appropriés. Sans quoi nous ne sommes pas à l’image du Divin.

Les prétendus yogis et fakirs ne prêtent aucune attention au bien-être et à l’éducation de leurs corps, qu’ils peuvent même torturer ; de même, certains étudiants de la Théosophie négligent leurs vêtements. Les principes d’utilité, de bienséance, d’apparence etc. sont impliqués dans notre manière de nous vêtir, et comme le disait Confucius, « l’habit dévoile la nature de l’homme ». Le grand maître humaniste avait quelques pensées très sages sur ce sujet, que les étudiants théosophes feraient bien d’étudier et mettre en pratique.

Il y avait les habits pour les rites sacrés d’initiation aux Mystères « Mineures » [publics], dérivés de la Robe Shâna, portée dans les Mystères « Majeurs » [secrets]. La Robe Shâna est décrite dans la Voix du Silence comme « la robe d’initiation du Néophyte » [voir Note 4] ; de plus (dans ce même ouvrage) il est fait référence aux vêtements [ou corps subtils] ; les [trois] grands kayas [voir Note 5]. La franc-maçonnerie a ses habits symboliques correspondants aux nombreux grades — un vestige des anciennes institutions pour étudiants mystiques. L’étudiant Théosophe ne devrait-il pas réfléchir à tout cela ? Si le néophyte doit avoir un vêtement spécial pour son initiation, si des habits appropriés sont prescrits pour les Mystères « Mineurs » et « Majeurs », le travail public à la Loge Unie des Théosophes (L.U.T.) ne requiert-il pas quelque chose de semblable de la part de ceux qui y participent ? La dignité et la réalité intérieure des réunions de la L.U.T. ne devraient-elles pas être prises en compte par les membres qui assistent aux réunions ?

La texture d’un vêtement de coton est différente de celle d’un vêtement de laine ; mais qui prend en compte les propriétés magnétiques du coton, de la laine, ou de la soie ? Les gens admirent un costume bien taillé, et c’est bien qu’il en soit ainsi ; en saison froide, ils portent de la laine et en été, un coton léger ; mais qu’en est-il du froid ou de la chaleur psychique de celui qui porte un vêtement ? Sont-ils affectés par le magnétisme du coton, de la laine ou de la soie ? Pourquoi le rouge est-il considéré comme une couleur chaude ? Pourquoi le Bouddha avait-il choisi une robe jaune, et prescrivit-il à ses disciples le port d’une robe de cette couleur ? La teinte orange des habits des sannyasis [voir Note 6] a-t-elle une quelconque signification ? Ces questions sont importantes d’un certain point de vue, car très souvent les gens, y compris les étudiants théosophes limitent leur attention aux aspects extérieures, et perdent ainsi l’essentiel, oubliant l’adage plein de vérité de Ben Johnson — « Les singes sont des singes, quoi que revêtu de la couleur écarlate. » Combien sont vraies (et profondes) les paroles du Bouddha !

« Quel usage, ces tresses, cette peau de bouc, sot que tu es ?

« Au fond de toi il n’y a que passions,

« Et tu t’es fait une belle apparence ! » (Dhammapada, Verset 394 – voir Note 7)

Le principe que doivent adopter ceux qui professent la Théosophie, est succinctement décrit dans la lettre de W.Q. Judge à ses amis londoniens [lettre imprimée dans le deuxième volume des Les Lettres qui m’ont aidé [éd. Textes Théosophiques, pp.95-105 – texte disponible sur le site www.theosophie.fr ].

Rappelons au lecteur que les associations par paires : « la nourriture et l’habillement » et « l’exercice physique et la respiration » sont extérieures et objectives ; elles doivent suivre le développement subjectif accompli en relation avec les deux autres paires : « l’attention et le sommeil » et « l’idéation et l’imagination ».

         II. L’Exercice physique et la Respiration

« La vie [prana, ou le souffle] est plus en vérité que l’espérance. Comme les rayons d’une roue sont engagés dans le moyeu, ainsi tous les êtres sont engagés dans la vie. La vie se soutient par la vie ; la vie donne la vie ; elle donne à la vie. Le père est la vie ; la mère est la vie ; le frère est la vie ; vie la sœur, vie le maître, vie le brahmane » Chandoya Upanishad, VII. 15 – 1. [Trad. Émile Servant – Éd. Belles Lettres – Paris]

L’un des constituants [intérieur] de l’homme est le corps astral [voir Note 8] : c’est la base du corps physique et le véhicule de prana, le souffle ou la vie. Dans l’Océan de théosophie, W.Q. Judge dit que Prana soutient toutes les formes vivantes. L’air est nécessaire au corps physique ; non seulement l’air, mais l’air pur ; non seulement l’air pur, mais aussi des poumons sains pour l’inhaler et l’exhaler, et une bonne santé pour ne pas polluer inutilement cet air. Il en est de même du corps astral, il doit être en bonne condition, afin de profiter de la force vitale ou pranique. De même que l’air circule dans le corps physique, le prana circule dans le corps astral. De même que l’air physique peut être pollué, de même le prana, en quittant le corps sous forme de magnétisme, peut polluer l’atmosphère ou au contraire la rendre plus propice à la santé. Tout ce qui pollue inutilement l’air, provient des matières en décomposition ou des tissus malades. Ce qui souille le prana, c’est la somme des mauvais sentiments et des mauvaises pensées ; principalement ceux qui auraient dus être chassés et qui par nos désirs [kama] se sont imprimés parfois consciemment en nous.

L’importance de l’exercice [physique] est reconnue par tous. Un corps sain a besoin d’exercices ; il est très probable qu’il se détériorait et tomberait malade s’il était privé d’exercices. Les systèmes sympathiques et cérébrospinaux du corps ont tous deux besoin d’exercices. La morbidité mentale, l’immobilisme psychique, et la léthargie corporelle, résultent souvent d’une négligence d’exercices. L’humour morbide sera plus important si on n’éliminait pas [les toxines] du corps, par les exercices. La transpiration, l’élimination des toxines des tissus, et le rejet des déchets des intestins et des reins, sont tous affectés par l’exercice physique.

Depuis toujours, les occultistes ont parfaitement reconnu qu’un mental pur et sain avait besoin d’un corps pur et sain. Ainsi, au chapitre VI de la Bhagavad-Gîta, consacré au Dhyana Yoga ou la maîtrise du mental pour la concentration, nous trouvons l’enseignement selon lequel le dévot au mental ferme « doit dresser son siège dans un lieu pur, que ce siège soit solide, ni trop haut, ni trop bas… ; le corps, la tête et le cou fermes et droits, l’esprit résolu, le regard fixé sur la pointe du nez, sans regarder dans aucune direction, le cœur en paix et libéré de la peur… » (Versets 11 et 13). Notons que le cœur, le mental et le corps, sont là unis ensembles. Comment devons-nous comprendre cet enseignement de la Gîta ? W.Q. Judge dans les Notes sur la Gîta déclare :

« Fixer un point du mur, pendant une durée déterminée, ou rester pendant un autre laps de temps dans un état mental de vacuité parfaite, qui dégénère bientôt en sommeil, ce n'est pas cela la méditation. Toutes ces choses sont de simples formes qui, à la fin, ne produisent aucun bien durable. » [Voir Note 9]

La pensée profonde de W.Q. Judge est confirmée par les commentaires de Shankaracharya sur ce verset :

« Un corps droit peut être en mouvement, tout en pouvant être qualifié « d’immobile ». Il doit fixer son regard comme s’il était dirigé vers la pointe de son nez. — Ici, nous devons comprendre l’expression « comme s’il était » ; car le Maître veut dire, non pas l’acte qui consiste à « regarder la pointe de son nez, » mais le fait de fixer le regard à l’intérieur (en le retirant des objets extérieurs) ; et ceci, dépend bien sûr de la fermeté du mental. Si, d’un autre côté, l’acte véritable consistait à « fixer la pointe de son nez » alors le mental se fixerait uniquement à ce niveau, et non pas sur le Soi. Ainsi, le Yogi doit concentrer son mental sur le Soi comme il est enseigné dans le chapitre VI, 25 [de la Bhagavad-Gîtâ] « Ayant fixé son mental en repos sur le vrai Soi, il ne devrait penser à rien d’autre ». L’expression « [fixer son regard] comme s’il était » doit être comprise comme “ fixer le regard à l’intérieur ” ».

Essayons maintenant de comprendre ce qu’un maître du Yoga comme Patanjali a enseigné dans ses Aphorismes à propos des postures et des positions du corps qui impliquent un mental calme et maitrisé. La posture doit être « agréable et ferme » non seulement d’un point de vue physique, mais aussi du mental. Toutes les postures indiquées par les commentateurs ne sont pas forcement faciles pour le corps. Il y a beaucoup de confusion et d’incompréhension à propos des postures et du souffle (asana et pranayama). La science occulte fait une paire [de l’association] « exercice et respiration », et les postures de Patanjali sont un exemple d’exercices. Les commentaires de Vyasa et ceux de Vachaspati mentionnent quelques unes de ces postures. Plus tard, d’autres enseignants et praticiens moins fiables n’ont pas compris quelle était l’intention initiale et ont créé plus que de la confusion ; les pratiques sont devenues un vrai danger pour la santé du corps et du mental. Ce qu’aujourd’hui, les Hindous ne comprennent pas pleinement, c’est que les postures et autres exercices de yoga doivent suivre [et non précéder] l’entrainement et les mouvements du mental. La compréhension des exercices physiques, incluant la respiration, est à double sens. Il est dit ceci par Charles Johnston, en s’adressant à l’aspirant Théosophe, sincère et sérieux :

« Nous abordons ici un point de l’enseignement qui a manifestement une double signification. La première est physique et concerne l’attitude corporelle et la régulation du souffle de l’étudiant. Ces points ont une influence directe sur la vie de l’âme, la vie de l’homme spirituel, car il est toujours et partout vrai que notre étude requiert un mental sain dans un corps sain. Il est précisé que pour l’étude et la méditation, la position du corps doit être ferme et sans tension, afin que les courants subtils de vie puissent poursuivre tranquillement leur course.

« Ceci s’applique aussi à l’équilibre que l’âme que doit atteindre, par une assise et une stabilité que rien ne peut ébranler et où la conscience repose sur la fondation stable de l’être spirituel. L’âme est alors comme une maison bâtie sur le rock, que les vagues et le vent ne peuvent ébranler. »

Maintenant il s’avère que les exercices de postures et de respiration, centrés uniquement dans et sur le corps physique, ont à la longue des effets désastreux. Ils transforment la discipline divine du Raja Yoga, en la discipline quasi-démoniaque et matérialiste du Hatha-Yoga. Le conseil de W.Q. Jude est, comme d’habitude, d’un bon sens sain et sacré :      

« Pour éclairer le mental de l'étudiant, il faut remarquer que les « postures » exposées dans différents systèmes de « Yoga » ne sont absolument pas essentielles au succès de la pratique de la concentration et à l'obtention de ses fruits ultimes. De telles « postures » prescrites par des auteurs hindous sont basées sur une connaissance exacte des effets physiologiques qu'elles produisent. Mais, de nos jours, elles ne sont possibles que pour les hindous qui y sont accoutumés dès leur plus jeune âge. (Aphorisme de Patanjali – livre II, commentaire à l’aphorisme n°46 – Éd. T.T.).

Ces postures sont devenues dangereuses aussi pour les générations actuelles d’Hindous. L’engouement pour les exercices de yoga, du nom de swadeshi, est largement répandu ; ces exercices préconisés par les talimkhanas et les gymnastes se révèlent trop astreignants pour les Hindous d’aujourd’hui, dont les corps se détériorent rapidement.

Le docteur Alexis Carrel, dans son livre, L’homme cet Inconnu, a quelque chose d’important à dire à l’homme « civilisé » et « éduqué » :

« Il est bien connu qu’un ensemble de muscles se développe par des exercices appropriés. Si nous désirons fortifier non seulement les muscles, mais aussi tout le système responsable de leur nutrition et les organes qui permettent de soutenir un effort corporel prolongé, des exercices plus variés que les sports classiques sont indispensables. Ces exercices sont les mêmes que ceux qui étaient pratiqués quotidiennement dans une vie plus primitive. Les exercices d’athlétisme, enseignés dans les écoles et les universités, ne permettent pas d’acquérir une réelle endurance. Les efforts qui nécessitent l’aide des muscles, des vaisseaux, du cœur, des poumons, du cerveau, de la moelle épinière et du mental – autrement dit de l’organisme entier – sont nécessaires à la construction de l’individu. »

Dans un autre passage il fait le commentaire suivant :

« Le Golf pratiqué le samedi et le dimanche, ne compense pas l’absence d’activité du reste de la semaine. En abandonnant tout effort physique dans la vie quotidienne, nous perdons, sans en être conscients, le bénéfice qu’un exercice régulier aurait pu apporter pour le maintient du médium intérieur...

« En résumé, les exercices intermittents de l’homme moderne, tels que le tennis ou le golf, ne sont pas équivalents, à une activité physique continue, toujours nécessaire, comme le faisait nos ancêtres. Aujourd’hui, l’effort physique est pratiqué à des moments et des jours particuliers, et à l’état habituel, le système organique, les vaisseaux sanguins, les glandes sudoripares et endocriniennes sont au repos. »   (A suivre)

 

Traduit de la revue THEOSOPHY – Volumes XXVII n°1, 2 , 3, et 4 – 1956-1956

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18 juin 2010 5 18 /06 /juin /2010 12:48

MÉDITATIONS SUR LE SENTIER DU VRAI THÉOSOPHE


(suite des parties I et II)

- III -

    Si vous désirez travailler pour le bien du monde, il n'est pas sage pour vous d'essayer de l'embrasser tout entier, dès le début, dans vos efforts. Si vous ne pouvez aider qu'une seule âme à s'élever ou à apprendre, c'est un bon début et c'est plus qu'il n'est donné à beaucoup.

    Ne craignez rien de ce qui est dans la Nature et que vous pouvez voir. Ne redoutez l'influence exercée par aucune secte, foi ou société. Chacune et toutes ont dans leur origine une seule base : la Vérité ou, au moins, une portion de celle-ci. Vous ne pouvez pas prétendre en avoir une plus grande part qu'elles, il est seulement nécessaire que vous découvriez toute la vérité que chacune possède. Vous n'êtes en guerre avec aucune. C'est la paix que vous recherchez et c'est pourquoi le mieux est de trouver le bien en toute chose. Car ceci amène la paix.

    Il est écrit que celui qui vit la Vie connaîtra la doctrine. Peu nombreux sont ceux qui réalisent ce que veut dire la Vie.

    Ce n'est pas en philosophant intellectuellement sur elle, jusqu'à ce que la raison devienne impuissante à résoudre le problème, ni en écoutant dans les délices de l'extase les divagations d'un Élémental travesti


  dont les hallucinations ne sont que le produit de l'Astral — que l'on peut réaliser la vie. On ne peut non plus y parvenir par les récits des expériences des autres hommes qui font cette étude. Car il y a de ces êtres qui ne réaliseront jamais la Vérité Divine elle-même, si on la leur présente par écrit, à moins qu'on y mette la ponctuation convenable ou qu'on l'exprime dans un style facile et fleuri.

    N'oubliez pas ceci : en vivant votre vie, jour après jour, avec un but élevé et un désir altruiste, chaque événement sans exception aura pour vous une profonde signification — un sens occulte — et dans la mesure où vous apprendrez à apprécier leur importance, vous vous préparerez pour une tâche plus élevée.

    Il n'y a pas de parterres de roses sur le chemin pour y attarder vos pas, ni d'esclaves prévenants pour vous rafraîchir avec des éventails en plumes d'autruche et au manche d'or. La lumière Ineffable ne va pas vous inonder de ses rayons chaque fois que vous pourrez penser avoir remonté d'un degré la mèche de votre lampe et vous ne vous trouverez pas naviguant dans un corps astral, à votre délice et à l'étonnement du reste du monde, tout simplement parce que vous faites l'effort de trouver la sagesse.

    Celui qui est attaché d'une manière ou d'une autre, celui qui est étroit dans ses pensées, se rend compte qu'il est doublement difficile d'avancer. Vous pourrez tout aussi bien trouver la sagesse et la lumière dans une église qu'en vous asseyant sur une colonne, en laissant vos ongles pénétrer dans la chair de vos mains. Ce n'est pas en allant aux extrêmes, ou en devenant fanatiques dans un sens ou dans un autre, qu'on peut réaliser la vie.

    Soyez tempérés en toute chose, et par-dessus tout dans la condamnation d'autrui. Il n'est pas sage d'être intempérant ou de s'enivrer avec du vin. Il est également insensé de s'enivrer de tempérance. Les hommes voudraient obtenir les pouvoirs surnaturels, ou connaître la façon de faire des miracles. Savez-vous réellement quels pouvoirs possède le Mystique ? Savez-vous que pour chaque don de cette espèce, il donne une partie de lui-même ? Que c'est seulement au prix d'une torture mentale, de la douleur terrestre, et presque du sang de son cœur, que ces dons sont gagnés ? Est-il vrai, pensez-vous donc, mes frères, que celui qui les possède vraiment, désire en faire l'étalage à cent francs la séance, ou à tout autre prix ? Celui qui voudrait faire commerce de ces choses se retrouverait plus éloigné de son but qu'à sa naissance.

    Il existe effectivement des dons et des pouvoirs. Non pas tels, peut-être, que vous vous les êtes représentés dans votre imagination. Ecoutez donc ce qui suit au sujet de l'un de ces pouvoirs : celui qui a progressé jusqu'à un certain point s'aperçoit que le cœur des hommes se découvre devant lui comme un livre ouvert, et il s'ensuit que leurs motifs lui apparaissent clairement. En d'autres termes, il devient capable de lire dans le cœur des hommes. Mais non pas d'une manière égoïste. Fait-il une seule fois usage de cette connaissance égoïstement : le livre se ferme — et il ne peut plus le déchiffrer. Pensez-vous, mes frères, qu'il se permettrait de vendre une seule page de ce livre ?

    Le temps — ce qui n'existe pas en dehors du cercle intérieur de ce petit monde — semble d'une importance énorme à l'homme physique. A certains moments, il lui vient la pensée qu'il ne fait aucun progrès et qu'il ne reçoit rien de quelque source Mystique. Dans le fait qu'il a cette pensée qu'aucun progrès ne se fait, se trouve la preuve qu'il va de l'avant. Seuls les morts dans des corps vivants ont lieu d'éprouver de la crainte. Il arrive fréquemment que ce que les hommes voudraient recevoir de sources mystiques est répété mainte et mainte fois et d'une voix si tranquille et si discrète que celui qui s'attend à l'entendre crier dans son oreille peut très bien passer sans y prêter attention.

    Ne faites pression sur aucun homme pour l'inciter à voir comme vous, car il est fort possible que vous voyiez différemment demain, lorsque vous vous réveillerez. Il est plus sage de laisser la question demeurer sans argument. Personne n'est absolument convaincu par ce procédé : c'est souffler contre le vent et rien de plus.

    Jadis, il était écrit au-dessus de la Porte : « Abandonnez l'Espérance, vous tous qui entrez ici ». Il a fallu des centaines d'années à quelques êtres pour qu'ils arrivent à réaliser que les Sages n'ont pas le moindre désir d'avoir la compagnie d'une quantité d'incurables sans remède dans les mystères. Il faut abandonner l'espoir de la satisfaction de nos passions, de nos curiosités, de notre ambition ou de notre désir du gain. Il y a aussi une autre Espérance — la vraie — et sage est celui qui parvient à la connaître. Elle est la sœur de la Patience et toutes deux sont les marraines de la Vie Vertueuse et deux des Dix Vertus qui assistent l'Instructeur.

    American Mystic.

Article de William Q. Judge – Traduction Textes Théosophiques Paris

Ce que les spirites appellent « Esprit » (N. d. Ed.)

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