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15 novembre 2010 1 15 /11 /novembre /2010 18:52

Article publié dans le numéro de mai 1953 de la revue The Theosophical Mouvement.

On dit souvent : « les Théosophes ne croient pas à la prière ». Du fait que le concept de la Théosophie en rapport avec Dieu, ou la Déité — et, par suite, en ce qui concerne la prière — diffère de ce que comprend par ces termes une personne ordinaire, on en déduit, à tort, que les Théosophes ne prient pas. Mais nous, qui étudions cette grande philosophie de la Théosophie, nous croyons à la vraie prière. D'autant plus que la Théosophie fait sien le conseil de saint Paul « Priez sans cesse ».  La Bhagavad-Gîtâ abonde pour dire la même chose. D'un bout à l'autre, elle insiste sur la nécessité de fixer notre cœur et notre mental sur le Krishna qui est en nous, le Soi Supérieur, « l'Ego qui siège dans le cœur de tous les êtres » (Chapitre X, verset 20), et donc, en étant pleins de foi et de dévotion, la nécessité de Lui rendre un culte « en esprit et en vérité » (selon les termes du Nouveau Testament), autrement dit, de nous rendre dignes d'une relation avec cet aspect supérieur de Krishna. Il nous est demandé de devenir des hommes de méditation et d'être « constamment adonnés, pleins de dévotion, à la méditation sur l'Esprit Suprême ». Et qu'est-ce que la méditation sinon « la prière silencieuse et non exprimée en mots »,ou, comme l'a dit Platon, « l'aspiration ardente de l'âme tournée vers le divin » (La Clef de la Théosophie, p. 24).

Quand nous disions que la prière devrait devenir une démarche ininterrompue, ou qu’il faudrait nous mettre à une méditation constante, cela n'implique pas que nous aurions à abandonner les devoirs de la vie, et tenter l'impossible tâche de cesser d'agir, car, on aurait beau restreindre les sens et les organes, si l'attitude convenable du cœur et du mental n'était pas réalisée, une telle entreprise conduirait finalement à ne faire de l'individu « qu'un faux dévot à l'âme égarée » [Gîtâ, III, 6]. Ainsi donc, ce qu'implique vraiment le fait d'être à prier sans discontinuer c'est l'attitude permanente d'offrande — avec l'humilité de l'âme et la pureté du cœur de tout ce que nous pensons, sentons, disons, ou faisons, sur l'autel de la Divine Présence, qui est au cœur même de notre conscience la plus intime. Ce qui signifie aussi qu'il nous faut veiller à ce que toutes nos actions soient en harmonie avec la Loi de ce Divin - qui est la loi de notre être lui-même.

Si notre conception de l'objet de notre culte est limitée, ou d'une nature exclusive, nos prières et notre culte auront nécessairement une portée' limitée et retarderont le progrès de l'âme dans ses aspirations. Il n'existe pas de pouvoir suprême en dehors de nous, et séparé de nous, auquel des prières pourraient être offertes en vue d'en recevoir des faveurs spéciales, ou des réponses à des attentes exprimées. Par ailleurs, de telles formes de culte ont l'effet d'éveiller certaines forces qu'il vaudrait mieux laisser à l'écart, à moins d'avoir un motif pur, et de véritables connaissance et compréhension. Comme l'a dit H.P.B. (Clef, p. 84),

« ... malheur à ces occultistes et à ces théosophes, qui, au lieu d'anéantir les désirs de l'ego personnel (ou homme physique) en s'adressant à leur EGO Supérieur et Spirituel, inondé de la lumière d'Âtma-Buddhi, lui disent : « que ta volonté soit faite et non la mienne », etc., en émettant des ondes énergétiques de volonté dans des buts égoïstes et impies ! Car c’est là de la magie noire, une abomination, et de la sorcellerie spirituelle. »

Une compréhension convenable de la loi de Karma nous révèlera l'inutilité de la prière personnelle. Car, si chaque homme récolte les conséquences de ses propres actes, ne résulte-t-il pas, de façon logique, qu'il n'y a rien à attendre « des dieux impuissants» par le pouvoir des présents et des hymnes, et qu'il est futile de chercher à les soudoyer « avec fruits et gâteaux » ? Karma, la loi de rétribution l'infaillible redresseur de torts — ne respecte pas les personnes : on ne saurait se la rendre propice, ou la détourner, par la prière. « Ainsi donc », conclut H.P.B. (Clef, p. 86) « nous tâchons de remplacer cette prière inutile et vaine par des actions méritoires et productrices de bons effets ».

Il est dit aussi (The Path, volume III, p. 373) :

« ... le “service de l'homme”, et ce qui est décrit plus ou moins correctement comme “le Culte de Dieu”, doivent aller de pair au point de devenir finalement une seule et identique démarche. C'est cette unité finale que nous désirons mettre en pleine lumière. »

Étant la plus haute manifestation sur la terre du Principe Divin Invisible, universellement diffusé, l'homme possède, reflétée en lui, une portion de ce Divin. L'homme intérieur notre « Père qui est dans le secret » est le seul Dieu que nous puissions connaître, si nous nous tournons « en dedans », dans la « chambre intérieure » de la perception de notre Âme. Ce qui fait de la vraie prière un exercice tourné vers le dedans, une communion intérieure avec la Divine Présence, dans le seul sanctuaire où cette Présence puisse recevoir un culte — à savoir dans notre propre cœur.

On mesurera ici combien cette idée de la prière — considée comme communion avec la partie de la nature de l'homme qui d'ordinaire reste inaperçue et ignorée — est différente de ce qu'on conçoit généralement comme prière, qui exige, au contraire, de tourner la conscience vers l'extérieur, et qui (comme Jésus l'a souligné) aboutit parfois à une manifestation hypocrite. L'hypocrisie constitue (comme nous en a avertis H.P.B.) un “péché impardonnable”.              

Qu'arrive-t-il en nous-mêmes quand nous tournons notre conscience vers l'intérieur, et entrons dans la chambre du cœur ? Parvenus , nous fermons la porte, et, avec révérence, fixons notre conscience sur le Soi Spirituel. Comme l'a dit Platon, « l'aspiration ardente de l'âme vers le divin » n'est pas « pour demander un bien particulier (selon la signification communément attribuée à la prière), mais pour le bien lui-même — le Bien Suprême universel, dont nous sommes tous un fragment sur terre et dont l'essence est la source d' nous sommes tous issus ». « C'est pourquoi », ajoute Platon, « reste silencieux en présence des êtres divins, jusqu'à ce qu'ils dissipent les nuages de tes yeux, et te rendent capable de voir, à la faveur de la lumière qui émane d'eux-mêmes, non pas ce qui te semble bon à toi, mais ce qui est intrinsèquement bon » ( Clef. p. 24, [allusion au Phèdre de Platon, 249d]).

                                                                                                                                                              ( À  suivre...)

« En tous temps, priez en Esprit » Epître aux Ephésiens, 6, 18.

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